Hasnaa Chihab est née en 1981 à Casablanca. En 2002, elle a obtenu un diplôme d’études universitaires générales, et quatre ans plus tard, elle a émigré vers l’Italie avec un contrat de travail saisonnier. Elle s’est installée dans la ville de Bondeno, au nord de Bologne.
Hasnaa s’est rapidement heurtée à la dure réalité, avec l’isolement culturel et les difficultés de communication en raison de la barrière linguistique. Pour ne pas sombrer dans la mélancolie de l’exil («lghorba»), elle s’est employée à l’apprentissage intensif de la langue italienne et à comprendre les spécificités culturelles du pays.
Dans un entretien pour Yabiladi, Hasnaa souligne que les difficultés d’intégration viennent du manque d’interaction avec les Italiens, en raison de la nature aliénante de son travail dans une usine de fils métalliques. «Je travaillais huit heures par jour sans arrêt, et je rentrais chez moi épuisée.»
Après quatre mois, Hasnaa a dû quitter son emploi, car le contrat avec lequel elle était venue du Maroc ne lui permettait pas de travailler dans l’usine. Bien qu’elle ait initialement vu cela comme un revers pour elle et son projet de vie, elle n’a pas abandonné son projet de vie en Italie.
À force de recherche, Hasnaa a décroché un emploi comme assistante personnelle dans une maison de retraite, ce qui a servi de catalyseur pour son intégration dans la société italienne. En effet, cet emploi lui a offert l’opportunité d’une «interaction directe quotidienne avec des Italiens âgés, qui partageaient avec elle leurs expériences de vie et leurs histoires dans un langage simple».
Au-delà de l’aspect alimentaire, ce travail lui a offert une expérience riche en connaissances humaines et culturelles. «J’apprenais la langue non seulement à travers les mots, mais en comprenant l’esprit même de la culture, ce qui m’a progressivement permis de me sentir comme faisant partie de cette société», se remémore Hasnaa.
Engagement dans le soutien aux migrants
En 2014, nouveau tournant, nouveau défi. Elle a décidé de réaliser un vieux rêve en retournant au Maroc : obtenir sa licence. Elle s’est inscrite de nouveau à l’université pour terminer ses études et a obtenu son diplôme en économie, puis est retournée en Italie.
Son parcours migratoire difficile et le long chemin vers l’intégration ont poussé Hasnaa à soutenir d’autres migrants qui traversent les mêmes circonstances.
En 2017, elle s’est inscrite à l’Université de Bondeno pour étudier un master en gestion des politiques de services sociaux et médiation culturelle, se spécialisant dans l’assistance sociale. «En 2020, j’ai commencé à travailler comme éducatrice spécialisée dans des centres pour mineurs non accompagnés, les aidant à surmonter les problèmes d’intégration, et je m’occupais de tous les aspects légaux et éducatifs, jouant simplement le rôle de leur famille.»
«En plus de cela, j’ai également travaillé comme traductrice dans des centres d’accueil pour migrants et comme bénévole avec le ministère de la Justice en tant que guide religieux pour les musulmans dans les prisons italiennes après avoir obtenu un certificat dans le domaine.»
Hasnaa Chihab
En 2023, elle a réussi l’examen pour devenir «Assistante sociale spécialisée» auprès des institutions gouvernementales. En 2023, elle a rejoint un projet lancé par le ministère de la Justice pour aider à l’intégration dans les prisons italiennes. «Nous aidons les prisonniers à s’intégrer, soutenons ceux qui ont des problèmes juridiques, et essayons d’être un canal reliant l’intérieur et l’extérieur de la prison. Certains ont simplement besoin de parler à quelqu’un qui connaît leur langue.»
En parallèle de son travail professionnel, Hasnaa est membre active de nombreuses associations concernées par les questions d’intégration, notamment une association composée de psychologues et d’éducateurs. «Nous proposons des cours spécialisés pour aider les familles à élever leurs enfants et organisons des activités culturelles pour les parents et les enfants.»
La même association «a organisé un Iftar de Ramadan cette année, auquel ont assisté des centaines de musulmans et des représentants des églises, visant à promouvoir une culture d’intégration et d’acceptation de l’autre, car une société ne se construit pas sur la similitude mais sur la compréhension et la coopération.»
Hasnaa Chihab est également membre de l’Académie Internationale des Femmes Marocaines à l’Étranger, qui regroupe un ensemble de talents marocains à l’étranger, plaidant pour l’implication et la participation politique de la diaspora au Maroc.
Actuellement, Hasnaa travaille comme directrice de quatre centres pour réfugiés, se concentrant sur tous les aspects de l’intégration, les questions légales, sanitaires et éducatives, et aidant les réfugiés à trouver du travail. Elle n’a de cesse de rappeler aux autorités italiennes que l’intégration n’est pas seulement la responsabilité du migrant mais aussi celle de la société d’accueil.