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Hamid Ouaïch, co-fondateur du premier studio de mangas en Belgique

Hamid Ouaïch, co-fondateur du premier studio de mangas en Belgique


Natif de Liège en 1979, Hamid Ouaïch est l’aîné d’un frère et d’une sœur, issu d’une famille ouvrière immigrée en Belgique, originaire de la région marocaine de Ras El Ma. Sur les bancs de l’école, le vidéaste en herbe a des problèmes de concentration. «J’étais souvent dans mes pensées et ce que je préférais aux cours, c’étaient mes premières expériences face à une caméra», nous dit-il. Il en garde des souvenirs intacts, qu’il nous relate : «J’avais 7 ou 8 ans, mon grand-père avait une caméra. De temps en temps, on captait des moments en famille et je m’amusais à faire le clown. J’aimais beaucoup aussi les visionnages de ces séquences avec lesquelles j’ai grandi.»

Féru de sport et de dessins animés, Hamid a cultivé ces deux passions, qui l’ont accompagné tout au long de son adolescence, même jusqu’à l’âge adulte. Issu de la génération du Club Dorothée et des programmes jeunesse des années 1980, il découvre tôt l’univers de l’anime, après avoir baigné dans l’univers de personnages connus comme Tintin, Lucky Luc et les Schtroumpf.

Une activité alliant travail et épanouissement

Dans les dessins animés japonais, Hamid Ouaïch retrouve son attrait pour des personnages qui incarnent un certain héroïsme, du charisme, avec de superpouvoirs, dans des univers fascinants construits à travers des histoires fortes.

«Je trouvais que ces personnages étaient très inspirants et c’était toute la force des dessins animés japonais, contrairement aux comics américains ou aux bandes-dessinées franco-belges. On retrouvait une empreinte culturelle et spirituelle distinguée, avec des références aux cultures asiatiques», nous déclare le vidéaste, admirateur notamment d’Olive et Tom.

«J’ai toujours trouvé que ces histoires réussissaient à donner une dimension spirituelle de force invisible aux choses simples du quotidien, sublimées à travers le pouvoir exprimé par les héros et tiré de différentes cultures du bouddhisme et du shintoïsme», nous déclare Hamid, qui a eu l’idée de s’inspirer de ces concepts pour co-créer le premier manga belge inspiré de références à la culture musulmane.

Avant cela, Hamid Ouaïch a suivi un parcours professionnel conventionnel, après des études en commerce international. Il travaille pour des groupes automobiles pendant plus de 11 ans, puis fonde une entreprise de transport et de logistique, qu’il gère pendant quatre ans. Pour autant, il n’a jamais perdu de vue son engouement pour l’univers du dessin. «J’approchais la quarantaine et j’ai réalisé que je ne faisais pas ce que j’aimais. Je faisais ce que je devais faire pour assumer mes responsabilités, mais je n’étais pas épanoui», nous confie-t-il.

Capitalisant une somme d’argent, il se joint à son beau-frère, Fahem, à partir de 2019 pour réfléchir à une production destinée à la jeunesse. Les étapes de conceptualisation, d’écriture et de réalisations se suivent. En juin 2024, les deux associés fondent le studio Karama, à l’issue d’une campagne de financement participatif. Ils conçoivent et produisent l’album de manga «Hidaya». «Fahem est le mangaka de notre studio et mon associé. Nous avons la chance d’être complémentaires dans nos personnalités que nous mettons au service de ce projet», nous explique Hamid.

«L’idée est venue de son talent et de son don qu’il a depuis l’enfance pour le dessin. Nous avons grandi avec cette culture musulmane, mais aussi avec le dessin animé et les mangas. Nous nous sommes dit qu’il y avait donc quelque chose à faire. On parle beaucoup d’islam, souvent, de manière négative et fausse. Nous avons pensé à construire quelque chose d’authentique et le format manga s’y prête bien.»

Hamid Ouaïch

Au sein du studio, Hamid s’occupe principalement du contenu audio-visuel. «C’est souvent moi que l’on voit sur nos réseaux pour mettre en avant justement notre travail, le faire connaître, pour faire gagner des cadeaux à nos abonnés, développer notre communauté et l’emmener avec nous dans cette aventure car sans notre public, nous n’aurions pas pu réaliser tout cela», nous dit Hamid.

Un manga aux références culturelles musulmanes qui parlent à tous

Aujourd’hui, «Hidaya» n’est pas seulement destiné à la communauté musulmane. Il s’adresse «à toutes les personnes s’intéressent à la culture manga, à l’anime et qui veulent découvrir un univers original». A travers le tome I, les co-fondateurs proposent une approche artistique qui permet de raconter une histoire à partir de références locales, pour enfin construire un récit qui tient beaucoup de l’universel.

C’est ce qui a fait la réussite de ce que les férus de dessins japonais appellent le japanime, traduit dans beaucoup de langues à travers le monde et montré dans les télévisions dans tous les continents à travers les décennies. «C’est effectivement une inspiration pour développer ce projet et le distribuer au niveau mondial, pouvoir justement pager ce récit initiatique du héros, qui est celui du cheminement spirituel d’un être humain», nous dit Hamid Ouaïch.

«On parle de la profondeur de l’être humain, selon les individualités de chacun. C’est un voyage entre le monde matériel et le monde intérieur. Ce sont des valeurs universelles qui sont d’abord humaines. Tout être humain est doté de vertus et peut aspirer à développer ses qualités, ce qu’il a de bon en lui. Cette philosophie est rassembleuse puisque tous les humains partagent les mêmes qualités et les mêmes défauts. Nous découvrons tout cela à travers l’histoire de nos deux héros.»

Hamid Ouaïch

Dans le prolongement de cette approche inclusive, «Hidaya» met en effet un binôme de personnages. «On se place par la catégorie des mangas shônen, qui est destinée à la jeunesse. Mais cette catégorie-là est principalement orientée pour les garçons. Ici, l’originalité est d’avoir créé un frère et une sœurs qui sont tous les deux protagonistes, afin de permettre également aux filles de s’identifier», nous explique Hamid.

L’histoire suit l’évolution des deux personnages, qui vont traverser l’adolescence pour devenir adultes, au long du récit. «On verra que leurs caractères vont changer à travers cette forme de pouvoir qu’est la lumière qui est en eux. C’est la lumière des vertus», nous décrit le vidéaste.

Depuis le lancement de ce tome I, les co-fondateurs de «Hidaya» reçoivent beaucoup de retours positifs, entre la Belgique et la France. «On a reçu des milliers de messages qui nous disent que les lecteurs sont vraiment contents. Ils se disent que pour une fois, on a une œuvre qui représente notre culture de manière positive», se félicite Hamid.





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