Le gouvernement français a frappé fort. Par un arrêté signé le 16 juin, les ministères de l’Intérieur et de l’Économie ont décidé de geler les avoirs de l’Institut européen des sciences humaines (IESH), basé à Saint-Léger-de-Fougeret, dans la Nièvre. La mesure touche aussi deux de ses cadres dirigeants, à titre personnel, indique le magazine d’actualité français Le Point. Elle s’applique pour six mois, renouvelables, complète-t-il.
L’IESH forme chaque année des centaines d’étudiants aux sciences islamiques. Officiellement non politique, l’institut est depuis quelques temps soupçonné d’être proche des Frères musulmans. Un rapport dévoilé début mai a ravivé les doutes. Les enseignements relèveraient exclusivement «des sciences islamiques et des études coraniques, et non d’une pluralité d’apprentissage en sciences humaines», malgré une communication mettant en avant une ouverture culturelle.
Le directeur de l’établissement, Mohamed Karmous, Franco-Tunisien, et le responsable du département du coran, Saïd Bouhdifi, Belgo-Marocain, sont directement visés. Plus aucun fonds ne peut leur être transmis. De même, aucun euro ne peut entrer ou sortir sans autorisation exceptionnelle du Trésor public. Autrement dit, l’institut est financièrement à l’arrêt.
Pour continuer à exister, les responsables devront déposer un recours, bien qu’un recours administratif ordinaire ne suspende pas la décision. Un référé devant la justice administrative pourrait, en revanche, permettre une réponse rapide, à condition de démontrer une atteinte sérieuse à la légalité ou à une liberté fondamentale.
Le gel fait suite à une perquisition menée en décembre dernier dans les locaux de l’IESH. L’enquête porte sur des soupçons de blanchiment d’argent, d’abus de confiance et de financement étranger non déclaré, en lien avec la loi d’août 2021 sur les principes de la République. D’après la procureure de Nevers, «l’opération de perquisition [avait] été fructueuse».
L’IESH, contacté par Le Point, n’a pas répondu. L’institut devait organiser des stages d’été et une rentrée en septembre. Rien ne garantit qu’il pourra rouvrir ses portes à la rentrée prochaine.