La situation géopolitique en mer Rouge, marquée par des attaques continues contre les porte-conteneurs dans le détroit de Bab Al-Mandab, a entraîné une flambée des tarifs du fret maritime entre la Chine et le Maroc. Les données les plus récentes montrent que, à la mi-juillet, les prix des expéditions ont augmenté de 160 à 220% par rapport à l’année précédente.
La perturbation du trafic maritime international due aux attaques des Houthis a contraint les compagnies à abandonner leurs itinéraires habituels à travers le détroit de Bab Al-Mandab. Depuis neuf mois, elles n’ont d’autres choix que de passer par le cap de Bonne-Espérance, un trajet considérablement plus long. Un tel détour entraîne inévitablement une importante hausse des coûts de transport. Selon le dernier indice mondial des conteneurs de Drewry, le prix pour l’expédition d’un conteneur de 40 pieds a atteint 5 868 dollars le 4 juillet 2024, soit une hausse annuelle de 298%.
Actuellement, le tarif pour le transport d’un conteneur de 20 pieds depuis le port chinois de Xiamen s’élève à 5 560 dollars, contre 1 900 dollars en juillet 2023, ce qui représente une augmentation de plus de 190%. Quant à un conteneur de 40 pieds, le coût a grimpé à 8 000 dollars, affichant une hausse de 60% par rapport à l’année précédente.
Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM), rapporte au journal Le360 : «L’augmentation des frais d’assurance pour les compagnies maritimes reste une cause majeure de la flambée des tarifs de fret. Les attaques des Houthis ont poussé les assureurs à augmenter considérablement les primes d’assurance qui touchent aussi bien les navires que les marchandises».
El Mostafa Fakhir, expert international en transport et logistique, ajoute que les schémas logistiques ont dû évoluer, avec des conteneurs maintenant acheminés vers les ports de Tanger Med, Algésiras ou Valence, qui sont désormais saturés.
Rachid Tahri pense que les tarifs resteront élevés, en raison de la tension géopolitique persistante et de la congestion continue des ports asiatiques, associée à une forte demande internationale.
El Mostafa Fakhir souhaite voir le Maroc envisager le développement d’une flotte nationale pour atténuer les impacts des crises géopolitiques futures. «Ce n’est plus un phénomène conjoncturel, mais structurel», assure-t-il, avant de conclure : «Aujourd’hui, l’insuffisance de capacités des navires affecte le commerce extérieur du Maroc, d’où la nécessité de développer une flotte nationale, comme souhaité par le roi Mohammed VI.»