Une conférence riche en enseignements historiques. C’est ce qu’a initié, hier, la Fondation Maroc du Patrimoine, à l’occasion d’une conférence tenue au siège de la mairie de Fès.
Son président Azelarab El Amrani a ainsi convié un conférencier de marque, Amal Jallal, pour conter l’histoire de l’une des plus vieilles universités au monde, Al Quaraouiyine. Le président de l’université berceau des civilisations a voyagé, avec un public disringué, dans des moments historiques témoignant de la grandeur de l’institution fondée par Fatima Al Fihriya, il y a près de 12 siècles. Pour le conférencier, l’université Al Quaraouiyine n’est pas seulement une institution scientifique, elle est également devenue l’un des monuments historiques de la capitale spirituelle. En dépit de l’imprécision régnante au sujet de sa date de fondation, de nombreux historiens s’accordent pour dire que c’était en l’an 859, grâce à Fatima Fehriya, fille d’un riche négociant de Bani Fahr qui souhaitait créer une grande mosquée. Ce monument se transformera avec le temps et la succession des dynasties royales au Maroc, en une grande université accueillant des étudiants en provenance des quatre coins du monde, et ce notamment après qu’elle ait subi de nombreuses expansions depuis les Idrisides jusqu’aux Alaouites. Construite cent ans avant l’Université Al-Azhar, Al Quaraouiyine a vu passer par ses bancs, un grand nombre de personnalités prestigieuses de la médecine, de la philosophie, de la jurisprudence, de la sociologie et du soufisme, parmi lesquelles Abdessalam Ben Mchiche, Abou Mediene, Ibn Rochd, Ibn Maymoun, Ibn Khaldoune, Ibn Baja, Ibn Arabi, Lissane-Eddine Ibn Al Khatib, tout comme le Pape Sylvestre II a suivi assisté ses cours.
« Nommé président de l’université en octobre 2015, suite à la promulgation du Dahir portant réorganisation de l’Université Al Quaraouiyine, en exécution des orientations éclairées de SM le Roi, Amal Jallal, ancien recteur de l’université Sidi Mohammed Ben Abdellah (USMBA) et ancien wali de Fès, est le gardien de ce temple des savoirs », exprime Mohamed Bouzlafa, doyen de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, de l’USMBA. En effet, Al Quaraouiyine est la plus ancienne institution d’enseignement supérieur islamique dans le monde. Jallal souligne en ce sens que « SM le Roi, Mohammed VI, œuvre pour que cette université retrouve son rayonnement d’antan et le rôle leader qui lui était dévolu depuis sa création et s’ériger en une institution scientifique de référence dispensant une formation spécialisée de qualité en sciences de la religion, de l’histoire de la pensée et de la civilisation islamique ». Dans son exposé qui a duré une heure et demie environ, l’hôte de la Fondation Maroc du Patrimoine à noté que « l’université Al Quaraouiyine détient un record mondial peu connu.
Certifiée par le Guinness Book des records, elle est reconnue comme la plus ancienne institution universitaire encore en activité dans le monde ». Son rayonnement intellectuel a attiré des penseurs de renom, dont certains ont marqué la philosophie arabe. Parmi eux, on compte Averroès (Ibn Rochd) et Avempace (Ibn Baja), figures emblématiques de la pensée médiévale. Ibn Khaldoun, historien et sociologue précurseur, a également foulé les sols de cette institution millénaire. La longévité d’Al Quaraouiyine surpasse celle de ses homologues européennes. L’Université de Bologne, fondée en 1088, occupe la deuxième place dans ce classement d’ancienneté. Viennent ensuite l’Université de Paris (1160), Oxford (1167) et Cambridge (1209), toutes créées plusieurs siècles après l’établissement marocain. Ce statut unique d’Al Quaraouiyine témoigne de la richesse du patrimoine culturel et éducatif du Maghreb. Il rappelle le rôle central joué par cette région dans la transmission et le développement des savoirs au fil des siècles. « L’université continue aujourd’hui sa mission éducative, alliant tradition et modernité.
Sa présence dans le paysage académique mondial souligne la continuité remarquable de l’enseignement supérieur au Maroc, depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours », affirme Jallal. Les membres de la Fondation Maroc du Patrimoine ont tenu à lui rendre un vibrant hommage en lui remettant un trophée de reconnaissance, au même titre que le doyen Mohamed Bouzlafa qui a modéré cette rencontre. Et ce, en présence notamment le maire de Fès, Abdeslam El Bekkali, le journaliste Essadik Maaninou, le président de l’USMBA, Mustapha Ijaali, ainsi que plusieurs doyens, juristes, universitaires et des représentants de la société civile.
Y.S.A