Fatima, une Marocaine de 36 ans originaire de Béni Mellal, est arrivée en Italie le 8 juin 2024 avec un contrat pour lequel elle avait déboursé 7 000 €, pour découvrir qu’il était sans valeur.
Envoyée travailler dans les champs de fruits de Saluzzo, dans la région du Piémont, elle a vite constaté qu’elle serait payée au noir, à seulement 6 € de l’heure. «Nous dormions à cinq sur des matelas posés à même le sol dans une seule pièce, et deux autres personnes dormaient dans le salon. Nous n’avions ni eau chaude, ni machine à laver», a confié Fatima à La Stampa, racontant son calvaire.
La situation s’est aggravée lors de son second emploi, où elle a subi «insultes, humiliations, violences verbales et physiques» de la part de son employeur italien et de l’intermédiaire marocain. «Je ne parlais pas italien, alors si je devais bouger, on me saisissait par l’épaule et on me traînait. Pour me faire regarder quelque chose, ils prenaient mon visage et le tournaient». Son contrat, censé durer jusqu’au 31 octobre, a été brutalement interrompu le 4 octobre.
Grâce à l’aide d’une association impliquée dans le projet Common Ground, qui soutient les victimes d’exploitation au Piémont, Fatima a trouvé le courage de dénoncer ses agresseurs et de repartir à zéro.
Depuis, elle a quitté le Piémont et entamé une nouvelle vie. «J’étudie l’italien, je suis un cours de formation pédagogique et j’enseigne l’arabe et le français», a-t-elle déclaré. Malgré le traumatisme, elle garde foi en son nouveau pays : «L’Italie m’a fait connaître l’enfer, mais elle m’a aussi offert des personnes qui m’en ont sortie. J’ai choisi l’Italie, et l’Italie, d’une certaine manière, m’a choisie.»