À la veille de sa troisième réunion trimestrielle prévue aujourd’hui mardi 23 septembre, le conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) concentre toutes les attentions.

A quelques heures du conseil de BAM ce mardi 23 septembre, les investisseurs comme les analystes de la place s’interrogent sur l’orientation de la politique monétaire et, surtout, sur le devenir du taux directeur, aujourd’hui fixé à 2,25%. Les prévisions oscillent entre un statu quo et une baisse de 25 points de base, avec des divergences notables, selon les acteurs et les bureaux de recherche (Ph. L’Economiste)
Les investisseurs comme les analystes de la place s’interrogent sur l’orientation de la politique monétaire et, surtout, sur le devenir du taux directeur, aujourd’hui fixé à 2,25%. Les prévisions oscillent entre un statu quo et une baisse de 25 points de base, avec des divergences notables, selon les acteurs et les bureaux de recherche.
Le conseil du 23 septembre s’annonce comme un moment charnière. Moins pour ce qu’il décidera immédiatement que pour les signaux qu’il enverra au marché. Une stabilité des taux demain ne serait donc pas synonyme d’immobilisme, mais plutôt le signe d’une stratégie graduelle, laissant la porte ouverte à une détente monétaire à l’approche de 2026.
■ Un consensus de marché mitigé
Selon Attijari Global Research (AGR), le marché est loin d’afficher une position unanime. Dans son dernier «Research Report-Strategy», la société de recherche a sondé un panel de 45 investisseurs jugés parmi les plus influents du marché marocain. Résultat: 51% d’entre eux anticipent un maintien du taux directeur inchangé, contre 43% qui plaident pour une baisse de 25 points de base et seulement 2% qui envisagent un assouplissement plus marqué de 50 points de base.
L’analyse par typologie d’acteurs révèle toutefois des disparités intéressantes. Les investisseurs institutionnels locaux apparaissent comme les plus favorables à la stabilité, attribuant une probabilité de 65% à ce scénario, tandis que les investisseurs étrangers se montrent, eux, quasi-unanimes en faveur d’un assouplissement de 25 points de base, avec une probabilité de 86%.
Entre ces deux extrêmes, les acteurs dits de référence privilégient également un statu quo (58%), mais restent ouverts à l’hypothèse d’une baisse (22%). Quant aux personnes physiques, elles anticipent majoritairement (64%) un mouvement baissier.
Ce sondage, au-delà des chiffres, illustre la difficulté du marché à trancher. Les signaux économiques restent contrastés: d’un côté, une inflation qui s’est nettement repliée par rapport à ses pics de 2022-2023; de l’autre, une croissance qui peine encore à retrouver son rythme de croisière.
■ Statu quo à court terme, mais pression baissière à l’horizon
BMCE Capital Global Research (BKGR) partage, dans les grandes lignes, cette lecture nuancée. Dans un récent «Flash Strategy», la société d’analyse considère que Bank Al-Maghrib devrait opter, lors de son conseil de septembre, pour un maintien du taux directeur. Elle privilégie ainsi le statu quo comme scénario central. Toutefois, BKGR insiste sur le fait que la pression baissière reste bien présente et pourrait se concrétiser d’ici la fin de l’année.
Le sondage conduit par BKGR auprès d’investisseurs institutionnels marocains met en évidence des perceptions proches de celles relevées par AGR, mais avec un léger biais en faveur d’un assouplissement.
Ainsi, 56% des participants anticipent une baisse de 25 points de base dès le conseil de septembre, tandis que 33% estiment que le taux directeur pourrait descendre jusqu’à 2% d’ici fin 2025, ce qui impliquerait au moins une réduction dans les prochains mois.
Un autre élément marquant du sondage réside dans la confiance affichée par les investisseurs vis-à-vis de la politique actuelle: 89% des répondants jugent qu’elle demeure adéquate au contexte. Cela traduit, selon BKGR, l’idée que BAM dispose d’une certaine marge de manœuvre pour ajuster ses taux sans craindre de désancrer les anticipations du marché.
Prudence et anticipation
Ainsi, si le statu quo apparaît comme le scénario le plus probable à court terme, l’hypothèse d’un assouplissement d’ici décembre reste bien présente dans l’esprit des analystes. AGR met en avant la division des anticipations des investisseurs, reflet d’une incertitude accrue sur la trajectoire future. BKGR, pour sa part, estime qu’une baisse en fin d’année serait cohérente avec l’évolution attendue de l’inflation et le besoin de redonner un peu d’oxygène au crédit.
Tensions géopolitiques, politique commerciale des USA…
Les anticipations autour du conseil de BAM ne peuvent être dissociées du contexte international. BKGR souligne que cette réunion se tient dans un environnement marqué par la volatilité persistante des prix de l’énergie, par la poursuite des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et par l’incertitude entourant la nouvelle orientation commerciale des États-Unis.
Ces facteurs exercent une double pression sur les banques centrales: préserver la stabilité des prix tout en soutenant la croissance dans un climat incertain. Pour BAM, la tâche est d’autant plus délicate que l’économie marocaine reste sensible aux chocs externes, notamment via le canal énergétique et celui des exportations. Dans ce cadre, toute décision sur le taux directeur doit intégrer une vision d’équilibre, sans risquer de compromettre la trajectoire de désinflation ni de freiner davantage la reprise économique.
F.T.
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