Plutôt que de laisser pourrir ces pastèques dans les serres à cause de la mévente, Manuel a préféré en faire don l’année dernière. Originaire de Motril (Grenade), il fait partie des agriculteurs espagnols qui ont subi l’invasion des produits marocains, proposés à des prix réduits sur le marché espagnol et européen. L’agriculteur a enregistré une perte de 30 000 euros en raison de cette concurrence féroce du Maroc. « J’avais 15 000 mètres plantés de pastèques, soit près de 110 000 kilos au total. La création de cette ferme m’a coûté 45 000 euros… Finalement, j’ai dû donner 80 % de la production », rappelle à El Español celui qui, il y a un an, avait dénoncé cette situation dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
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En 2023, les prix de la pastèque ont chuté de 50 % par rapport à 2022 en Espagne, ce qui avait contraint de nombreux agriculteurs à vendre à perte. Selon l’organisation COAG, ces derniers ont dû vendre à 0,20 ou 0,30 euros le kilo, un montant qui ne leur permettait pas de couvrir les coûts de production. « Nous ne devons jamais vendre en dessous du coût de production. Nous devons refuser », s’offusque Puertas qui assure ne pas regretter sa décision de renoncer à la culture de la pastèque pour éviter la faillite et d’essayer d’autres cultures. « Je paie encore les pertes de l’année dernière… Cette année, je n’ai planté que des tomates et des concombres hollandais. Sinon, je vais complètement sombrer ».
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Manuel a produit ses tomates à 0,65 euro, mais les a vendues à 0,42 euros, donc à perte. En revanche, il a gagné sur la production du concombre, vendu à 0,80 euro sur le marché, alors que la production lui a coûté entre 0,45 et 0,75 euro. « Nous dépendons beaucoup des conditions météorologiques, de l’arrivée précoce du froid et de la baisse de la production. Le problème que nous rencontrons en Espagne est qu’il existe une concurrence déloyale du Maroc. Ils utilisent des produits qui sont interdits en Espagne depuis 20 ans. Ici, une personne est payée 7 euros de l’heure, plus la sécurité sociale ; là-bas, elle travaille pour 5 euros par jour. C’est du travail déloyal, de l’exploitation », dénonce l’agriculteur de Motril.
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Et de poursuivre : « En septembre, la tomate était vendue à 1,20 euro. Après les grèves, avec la fermeture des frontières, nous avons à peine exporté. Comme il y a beaucoup de production du Maroc, le marché est encombré, et comme ils l’achètent à très bas prix, nous avons dû baisser les prix ». Dénonçant cette « concurrence déloyale » du Maroc, Manuel Puertas insiste sur l’importance d’indiquer sur l’étiquette des produits qui arrivent sur le marché, non seulement leur origine, mais aussi le prix qui revient à l’agriculteur. « Si le distributeur vend le produit à 3 euros, il devrait indiquer ce qu’il a payé à chacun, afin de voir qui obtient la différence. S’il me paie 0,40 euro, mais que le produit est vendu 5,20 euros, où est le bénéfice et qui en profite ? »