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En attendant le retour de Sébastian du Maroc… Le mythe qui a hanté les Portugais

En attendant le retour de Sébastian du Maroc… Le mythe qui a hanté les Portugais

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Le 4 août 1578, le Maroc s’apprêtait à devenir le théâtre d’une bataille légendaire. Le roi Sébastien du Portugal avançait vers le nord avec son armée, accompagné par le sultan saadien déchu, Abu Abdallah Mohammed II al-Mutawakkil. Tandis que ce dernier cherchait l’appui portugais pour reconquérir le trône usurpé par son oncle Abd al-Malik, le roi Sébastien voyait dans cette campagne une opportunité de raviver la gloire passée du Portugal en Afrique du Nord.

La bataille, qui eut lieu près de Ksar El Kebir, se solda par la mort du jeune roi, l’effondrement de l’indépendance séculaire du Portugal, et la naissance d’un mythe national persistant.

Connue sous le nom de bataille des Trois Rois, cette confrontation coûta la vie à al-Mutawakkil, à son oncle Abd al-Malik I, et probablement à Sébastien lui-même, dont le sort reste incertain : tué au combat ou mort en captivité.

Pas de corps, pas de crime

L’absence du corps de Sébastien sema le doute, alimentant spéculations et un refus obstiné d’accepter sa disparition. Lorsque la nouvelle de la chute du roi parvint au Portugal, beaucoup refusèrent d’y croire, donnant naissance à ce que l’on appela le sébastianisme.

Selon le mythe, Sébastien ne serait jamais mort au Maroc, mais reviendrait un jour pour sauver le Portugal. Ces espoirs étaient nourris par des prophéties et légendes populaires. L’une des prédictions les plus citées provenait des Trovas de Bandarra, une collection de vers prophétiques du XVIe siècle annonçant l’avènement d’un empereur sauveur pour le Portugal.

Le sébastianisme prit une dimension politique dans les années 1580, lorsque le Portugal fut annexé par l’Espagne. Sébastien n’ayant laissé aucun héritier, le roi d’Espagne Philippe II, lui-même petit-fils du roi portugais João III, revendiqua le trône. De nombreux Portugais opposés à la domination castillane espéraient que Sébastien reviendrait du Maroc pour restaurer la souveraineté nationale.

Sébastien reviendra…

Le mythe était si puissant que Philippe II, désormais roi du Portugal sous le nom de Philippe I, en redoutait l’influence. En 1582, il ordonna le transfert de ce qui était supposé être le corps de Sébastien au monastère des Hiéronymites à Lisbonne, espérant ainsi mettre fin au mythe. Mais comme l’a noté un historien, «le plan n’a pas fonctionné».

Au contraire, le sébastianisme gagna en popularité. À la fin du XVIe siècle, au moins quatre imposteurs émergèrent, prétendant être le roi disparu. Parmi eux, Marco Tulio Catizone, un Italien de Calabre, qui fut finalement démasqué et pendu en 1603.

Dans son essai From Military Defeat to Immortality: The Birth of Sebastianism, la chercheuse Mary Elizabeth Brooks décrit le phénomène, surtout dans les années qui suivirent immédiatement la bataille, comme «l’un des exemples les plus dramatiques et surprenants de l’adhésion obstinée d’une nation à une croyance, à un espoir, en dépit des faits, de la raison et de la logique contraires».

Même après que le Portugal eut retrouvé son indépendance vis-à-vis de l’Espagne en 1640 sous le règne de Jean IV, le mythe perdura. La croyance était si forte que Jean IV aurait promis de se retirer si Sébastien revenait un jour du champ de bataille marocain. À ce moment-là, Sébastien aurait eu plus de quatre-vingts ans.

Du Maroc au Brésil

Dans les décennies qui suivirent, le sébastianisme évolua d’un espoir politique à un mythe national. «Après le début du XVIIe siècle, lorsque la durée de vie de Sébastien aurait naturellement pris fin», écrivit Brooks, «le sébastianisme perdit ses liens avec la réalité». Ce qui resta, soutenait-elle, était un «culte pseudo-religieux ridicule» qui inspira des œuvres littéraires.

Le mythe de Sébastien traversa même l’Atlantique, trouvant un terreau fertile au Brésil au XIXe siècle. Là-bas, certains croyaient que le roi perdu reviendrait, non pour sauver le Portugal, mais pour libérer le Brésil du joug religieux et apporter la justice à la République.

Aujourd’hui, traiter quelqu’un de sébastianiste désigne une personne d’un optimisme irréaliste, quelqu’un qui attend un Sébastien qui ne reviendra jamais. Quelqu’un qui s’accroche à l’impossible.





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