
«Les réglementations mondiales imposent aujourd’hui une transition vers les véhicules électriques et hybrides. Au Maroc, nous ressentons déjà l’impact de ces décisions, et l’avenir de notre marché sera lui aussi électrique et hybride, souligne Abdelouahab Ennaciri, président de l’Aivam (Ph. F. Alnasser)
– L’Economiste: L’Auto Expo 2025 est la première édition dédiée exclusivement à la mobilité électrique. Est-ce un simple salon ou-t-il un tournant stratégique pour le secteur au Maroc?
– Abdelouahab Ennaciri: La dernière édition de l’Auto Expo, dans son format traditionnel, remonte à 2018. Depuis, nous avons été confrontés à la pandémie de Covid-19 et à la crise des semi-conducteurs. Au sein de l’Aivam, nous avons souhaité relancer le salon, mais dans un format plus léger et centré sur un thème précis.
La mobilité électrique est aujourd’hui au cœur de l’actualité automobile mondiale, et nous suivons cette tendance, certes à notre rythme, mais elle s’impose progressivement. Ainsi, la part des véhicules électrifiés – hybrides et 100 % électriques – dans les ventes a doublé entre 2024 et 2025, atteignant 10% du marché total, et cette tendance continue de s’accélérer.
– Comment le Maroc se positionne-t-il par rapport aux grandes tendances mondiales de l’électromobilité?
– La vente de voitures 100% électriques au Maroc reste encore très faible. En 2024, environ 1.000 véhicules ont été vendus, soit largement moins de 1% des ventes totales. En comparaison, cette part atteint 15% en Europe et 30 % en Chine. La différence est donc très importante, mais il faut rappeler que dans ces régions, les véhicules électriques ont bénéficié de fortes subventions et que les réseaux de bornes de recharge publiques et rapides y sont déjà bien développés.
– Avec le slogan «Drive Green, Think Future», quelle vision souhaitez-vous transmettre au public et aux acteurs du secteur?
– L’avenir de l’automobile est électrique. Les réglementations mondiales imposent aujourd’hui une transition vers les véhicules électriques et hybrides. Au Maroc, nous ressentons déjà l’impact de ces décisions, et l’avenir de notre marché sera lui aussi électrique et hybride.
Nous souhaitons sensibiliser le public et les acteurs du secteur à ces enjeux, en proposant un salon qui aborde ces thèmes et dissipe toutes les craintes liées aux technologies électriques et hybrides, afin de favoriser l’adhésion aux solutions de demain le plus rapidement possible.
– Plus de 70 modèles hybrides et électriques sont exposés représentant une trentaine de marques. Quelles sont les innovations les plus marquantes?
– Il faut surtout noter le nombre de nouveautés que les visiteurs pourront découvrir au Salon. Une bonne dizaine de marques sont en cours de lancement actuellement et le public pourra découvrir toutes ces marques dans un même espace convivial. Tous ces véhicules sont hybrides ou électriques, et de nouvelles technologies arrivent, comme des véhicules avec prolongateurs d’autonomie. C’est une excellente occasion pour les visiteurs de comparer les différents modèles et technologies et faire leurs choix.
– Qu’attendez-vous des 50.000 visiteurs prévus?
– Ce salon est plus petit que les éditions précédentes, en raison du thème et de l’agencement des stands. Toutefois, l’automobile reste un sujet passionnant, et nous sommes convaincus que l’affluence sera au rendez-vous.
L’objectif principal du salon est de sensibiliser les visiteurs aux technologies hybrides et électriques, et de leur permettre de mieux comprendre leurs avantages en termes d’économie et de réduction des émissions, afin qu’ils puissent prendre leurs décisions d’achat en toute connaissance de cause. Le format du salon n’est pas conçu pour la vente de masse, comme c’était le cas lors des éditions précédentes. Cependant, les équipes commerciales des différentes marques, accompagnées des sociétés de financement, seront présentes pour traiter les engagements et les transactions avec les visiteurs intéressés.o
Propos recueillis par Fatima EL OUAFI
– Quelles mesures mettre en place pour inciter les automobilistes à préférer les voitures hybrides ou électriques?
– Pour les véhicules hybrides, l’offre actuelle, la concurrence sur les prix et la diversification des modèles permettent à ce segment de se développer correctement. La part des hybrides atteint aujourd’hui près de 10% du marché, et cette tendance s’accélère. En revanche, pour les véhicules 100% électriques, qui devraient devenir prépondérants à moyen et long terme, il est impératif d’accélérer le déploiement du réseau de recharge rapide et d’envisager des incitations à l’acquisition pour stimuler l’adoption de ces véhicules.
Infrastructures de recharge: Où en est-on aujourd’hui?
«Le développement des ventes de voitures 100% électriques dépend fortement d’un réseau de bornes de recharge suffisamment dense pour rassurer les clients et utilisateurs de ce type de véhicules», explique Abdelouahab Ennaciri. Actuellement, on estime ce réseau à environ 1.500 bornes à charge lente, mais seulement une centaine de bornes de charge rapide réparties dans les grandes villes et le long des axes autoroutiers. Ce nombre reste très insuffisant pour inciter les clients à adopter massivement le tout électrique. Moins de 1% des ventes annuelles concernent les véhicules 100% électriques, malgré une offre très diversifiée et une demande latente. «Les consommateurs restent réticents face à la faible couverture du réseau de recharge rapide. Certes, des initiatives et partenariats publics-privés sont en cours pour augmenter ce nombre, mais la cadence actuelle ne permettra malheureusement pas à ce segment de se développer rapidement», ajoute le président de l’Aivam.
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