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Dihya, la guerrière amazighe qui mena la politique de la terre brûlée

Dihya, la guerrière amazighe qui mena la politique de la terre brûlée


Au cœur de l’Afrique du Nord, dans la moitié du VIIe siècle, le roi Axel (dit Kusayla) régnait en maître et en gardien des lieux. Il menait des guerres sanglantes contre les tribus arabo-musulmanes menées par Oqba Ibn Nafii, qu’il réussit à éliminer lors d’une bataille ultime.

Les musulmans ripostèrent avec force en 686, lorsqu’ils tuèrent le chef militaire amazigh, auquel succéda une femme pour la première fois. C’était Dihya, plus connue par son surnom de La Kahena.

Dans ses ouvrages, notamment «Al-Maghrib fī dhikr bilād Ifrīqīyah wa-al-Maghrib : wa-huwa juzʼ min kitāb al-Masālik wa-al-mamāli», le savant andalou Al-Bakri expliqua en effet que «La Kahena était le surnom de cette cheffe de tribu amazighe, que les Arabes nommèrent ainsi pour son esprit stratège, bien qu’elle s’appelât en réalité Dihya».

La femme qui succéda à Kuseyla

Dans «Le Livre des exemples», Ibn Khaldoun écrivit à propos de cette guerrière pugnace qu’«elle se distinguait par son savoir riche, mais aussi par ses pouvoirs de voyance et de prédiction de l’avenir de son peuple, ce qui lui valut de prendre le trône». Ainsi, Dihya succéda au chef de la résistance amazighe en Afrique du Nord, menant des guerres sans merci contre les Romains, les Byzantins et les Arabes.

«À l’issue de leur guerre et de la mort de Kusayla, les Berbères revinrent à La Kahena dans son bastion du Mont Aourâs, rejoints par les Beni Yefren, les Zénètes et les tribus venues de l’Ifriqiya, entre autres. Elle les accueillit chaleureusement et réussit, avec eux, à combattre les musulmans une bonne fois pour toutes. Elle les suivit en effet jusqu’à réussir à les chasser de l’Ifriqiya.»

Le livre des exemples, Ibn Khaldoun

Après avoir vaincu l’empire de Rome, elle unifia les tribus amazighes autour d’elle, mais continua à mener des batailles féroces contre les armées arabes, qu’elle attaqua et expulsa de la majorité des régions nord-africaines. La Kahena combina l’intelligence et la bravoure à la beauté saisissante, devenant ainsi la guide et la gestionnaire de la vie publique des Amazighs en Afrique du Nord pendant des années.

Al-Bakri le rapporta dans son ouvrage : «[Dihya] gouverna les tribus amazighes et attaqua les armées islamiques en 688, en menant l’offensive contre l’armée de Hassane Ibn Numan al-Ghassani. Elle le força à se retirer à Tripoli, en brûlant champs et villages entiers afin de faire partir [les Arabes].»

Une cheffe de guerre intraitable envers ses ennemis

Sur le terrain, La Kahena fit prisonnier plus de 80 hommes de Hassane, mais elle les traita humainement et en adopta même l’un des jeunes, qu’elle hébergea dans son palais. Cependant, elle resta sur ses gardes. Malgré la défaite des musulmans, la guerrière était certaine de leur retour et pressentait une attaque contre son royaume. Elle décida donc de mener une politique de la terre brûlée. En d’autres termes, elle dissuada les armées ennemies en incendiant les forteresses, les terres agricoles et même les forêts.

«Après Hassane, La Kahena eut pour elle tout le Maghreb, durant cinq années. Elle s’adressa à son peuple en lui expliquant que les Arabes convoitaient tout ce que les terres de l’Ifriqiya avaient de plus précieux. Elle leur ordonna ainsi de brûler tous les champs, de détruire tout ce qui pouvait servir à accroître les richesses et de dévaster toutes les forêts, jusqu’à faire perdre espoir aux Arabes, qu’elle obligea ainsi à battre en retraite.»

Kitab al bayan al mugrib – Histoire de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, Ibn Îdhari

Quelques années plus tard, Hassane Ibn Numan décida de retenter une offensive en Afrique du Nord, aidé par les califes omeyyades qui lui envoyèrent du renfort, en matière d’équipement militaire et de ressources humaines engagées contre le bastion de La Kahena. La bataille fut en effet ultime pour la vie de la guerrière amazighe.

Il y eut tellement de morts que les populations crurent à une apocalypse, selon le récit de Abdelhamid Hocein Hammouda dans «Histoire du Maroc de la période islamique depuis la Conquête jusqu’à la création de l’empire fatimide».

Dihya mourut sur le champ de cette guerre. D’après Ibn Khaldoun, sa tête fut acheminée jusqu’à Bagdad, tandis que deux de ses fils rejoignirent l’armée musulmane. Le courage et la bravoure de La Kahena, eux, la rendirent immortelle, l’érigeant au rang d’héroïne dans la civilisation amazighe.





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