Le 13 février 2023, une avancée majeure en astrophysique a été réalisée avec la détection d’un neutrino d’une énergie inédite d’environ 220 pétaélectronvolts (PeV) par le télescope sous-marin KM3NeT, installé à 3 000 mètres de profondeur en Méditerranée, a expliqué à la MAP le coordonnateur national du projet KM3NeT au Maroc, Pr. Yahya Tayalati, professeur à l’Université Mohammed V de Rabat et professeur affilié à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir (UM6P).
Cette découverte, publiée dans la revue “Nature”, ouvre de nouvelles perspectives sur les phénomènes astrophysiques extrêmes tels que les trous noirs supermassifs et les supernovas. Les neutrinos sont des particules élémentaires extrêmement légères et neutres, qui interagissent très faiblement avec la matière, ce qui les rend difficiles à détecter. Ils sont produits lors d’événements cosmiques violents et peuvent traverser l’Univers sur de vastes distances sans être altérés, faisant d’eux des messagers précieux pour l’étude des phénomènes astrophysiques extrêmes.
Le télescope KM3NeT est une infrastructure de recherche internationale composée d’un réseau de détecteurs sous-marins répartis sur deux sites stratégiques en Méditerranée : ARCA, dédié à l’astronomie des hautes énergies au large de la Sicile, et ORCA, spécialisé dans l’étude des basses énergies près de Toulon. Ces détecteurs captent la lumière émise lors de l’interaction des neutrinos avec l’eau de mer, permettant ainsi leur détection et leur étude.
Collaboration de plusieurs chercheurs marocains
Le Maroc joue un rôle significatif dans cette collaboration internationale depuis son adhésion en 2016. Le consortium marocain est représenté par les universités Mohammed V de Rabat, Mohammed Ier d’Oujda, Cadi Ayyad de Marrakech et Mohammed VI Polytechnique de Benguerir, ainsi que par le Centre national de l’Énergie, des Sciences et Techniques nucléaires (CNESTEN) en tant que membre observateur.
Le Royaume a établi deux sites de construction pour KM3NeT, les seuls en dehors de l’Europe : l’un à la Faculté des Sciences de Rabat, dédié à l’intégration des modules optiques digitaux détectant le sillage lumineux des neutrinos, et l’autre à la Faculté des Sciences d’Oujda, consacré à l’intégration de l’électronique permettant de communiquer avec ces modules.
Cette participation active illustre l’engagement du Maroc dans la recherche scientifique de pointe et offre des opportunités de transfert de technologies avancées vers le pays, renforçant ainsi les compétences des chercheurs marocains et ouvrant de nouvelles perspectives pour les jeunes scientifiques.