Des ressortissants marocains sont encore dans la bande de Gaza, en proie à une guerre de l’occupation israélienne sans précédent depuis le 7 octobre 2024, ayant tué plus de 41 000 palestiniens. Parmi les nationaux figurent une vingtaine de personnes de la famille Yaacoubi, dont plusieurs membres portent la nationalité marocaine.
Issus d’aïeux installés en terre de Palestine il y a des centaines d’années, les descendants entretiennent toujours leurs liens avec le pays d’origine et apprécient de s’y rendre régulièrement. La famille, originaire de Rchida dans la province de Guercif, comptant environ 100 personnes, a perdu beaucoup de ses membres lors des offensives israéliennes en cours.
Orthophoniste résident dans la bande de Gaza, Mohmed Yacoubi décrit à Yabiladi «des conditions difficiles dans la bande de Gaza en raison des déplacements répétés». L’homme de 35 ans nous confie que son nom était toujours sur les listes des ressortissants marocains répertoriés dans la zone, pour un éventuel rapatriement, sinon une évacuation.
«Notre ambassade à Ramallah fait des efforts pour nous sortir d’ici. Beaucoup de ceux ayant la nationalité ont été évacués de la bande. Nous attendions notre tour, mais l’invasion israélienne de Rafah et la prise de contrôle sur la ville et le poste-frontière nous ont fait reculer et nous n’avons pas pu partir», nous déclare le ressortissant.
«Nos conditions de vie sont extrêmement mauvaises, avec des déplacements répétés d’un endroit à un autre, à la recherche d’un lieu sûr mais qui n’existe pas, vu les bombardements de partout. Il y a un manque accru de matériel et d’aide. Tout est difficile et la vie sous une tente qui ne protège ni du froid de l’hiver, ni de la chaleur de l’été est rudimentaire, sans parler des infections, du manque de médicaments et d’eau. Nos conditions de vie sont difficiles, mais nous arrivons à nous fournir des choses simples et nous nous en remettons à Dieu.»
Mohamed Yaacoubi
«Nous prions Dieu et nous espérons que le gouvernement marocain déploiera plus d’efforts pour nous faire sortir de Gaza», a ajouté le résident. Celui-ci relate un quotidien défini par les offensives israéliennes : «Le déplacement forcé est la chose la plus dure qu’une personne puisse vivre. Nous partons avec toutes nos affaires, nos enfants, d’un lieu à l’autre et à la lumière des bombardements, de la terreur. J’ai changé d’endroit à six reprises et malgré cela, j’ai eu de la chance car d’autres ont été déplacés 20 fois. On nous prévient à une heure ou une demi-heure de l’invasion et nous devons vite partir à chaque fois.»
«Quitter la Palestine et Gaza nous brise le cœur»
Pour sa part, Alaa Yaacoubi, un membre de la famille, n’a pas pu parachever ses procédures d’obtention de passeport marocain, à cause des bombardements israéliens. «Cela nous brise le cœur de nous séparer de la Palestine et de Gaza. Mais l’instabilité et de le manque de sécurité résultant de la guerre et du génocide nous ont fait réfléchir sérieusement à quitter la bande de Gaza», nous confie-t-il.
«Nous appelons le gouvernement marocain et Sa Majesté le Roi à nous permettre de quitter la bande de Gaza. Les conditions sont catastrophiques, outre la surpopulation des déplacés et l’absence d’éléments de base pour une vie humaine décente. Avec le manque de vivres et des aides acheminées, la situation est devenue tragique.»
Alaa Yaacoubi
Il y a quelques mois, le ministère marocain des Affaires étrangères a annoncé l’évacuation de 289 nationaux résidant à Gaza. L’opération s’est déroulée en coordination avec les ambassades du Maroc à Ramallah et au Caire, après l’approbation des autorités égyptiennes et israéliennes pour faciliter les sorties depuis la bande de Gaza.
Mais depuis, Israël a renforcé son contrôle sur la bande de Gaza, détruit le point de passage vers l’Egypte et occupé la Route de Philadelphie adjacente à la frontière égyptienne. La situation a rendu presque impossible toute sortie de la zone occupée.
La présence des Marocains en terre de Palestine remonte à des siècles. Les premiers à s’y être rendus ont été envoyés par le sultan almohade Abu Yusuf Yaqub al-Mansur (1184 – 1199) pour combattre aux côtés de Salâh ad-Dîn al-Ayyûbi. Ils se sont installés dans ce qui est devenu Harat al-Maghariba, constituant ainsi le noyau des résidents les plus proches de la mosquée Al-Aqsa à Al-Qods», souligne-t-il.
En 1967, le quartier marocain a été démoli par l’occupation israélienne et les résidents marocains ont été dispersés. Certains sont restés en Palestine, tandis que d’autres ont élu domicile en Jordanie et en Syrie.