Le procureur a requis des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme contre ces employeurs. Le principal prévenu, un homme de 54 ans, et sa compagne de 42 ans, dirigeaient une société de prestation de services viticoles. Ils sont accusés d’avoir exploité les travailleurs marocains en leur fournissant un logement insalubre et en ne respectant pas les conditions de travail promises. Un troisième individu, un Marocain de 46 ans, est poursuivi pour avoir servi d’intermédiaire dans ce système.
Les victimes présumées affirment avoir versé entre 8 000 et 10 000 euros pour venir travailler en France. En échange, on leur promettait un contrat de quatre mois payé au SMIC, un logement et un titre de séjour. La procureure a dénoncé un « système hyper bien rodé et rémunérateur » qui exploite la vulnérabilité des travailleurs étrangers en leur faisant miroiter « l’espoir d’une vie meilleure ».
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Lors de l’audience, les prévenus se sont rejetés la responsabilité du recrutement et des sommes perçues. Le principal prévenu a nié avoir touché de l’argent, affirmant : « Moi, je ne voulais pas de ça. Je ne prends pas d’argent ». Pourtant, le couple, aujourd’hui sans emploi ni revenus déclarés, n’a pas pu expliquer l’origine de ses 200 000 euros de chiffre d’affaires ni l’existence de cinq contrats d’assurance-vie.
Selon l’enquête, les contrats de travail promis n’ont jamais été signés, les ouvriers travaillaient jusqu’à 62 heures par semaine sans compensation et les démarches pour obtenir des titres de séjour n’ont jamais été entreprises. « 8 000 euros pour quatre mois de travail, c’est faire venir de la main d’œuvre sans coût. C’est créer un processus pour placer les gens dans une situation d’exploitation et les y maintenir », a déclaré l’avocat de cinq ouvriers. « En droit, ça s’appelle la traite des êtres humains, et un tout petit peu plus loin, l’esclavagisme. »
Les travailleurs étaient logés à 12 dans de petits appartements, sans lits ni sanitaires suffisants. Le principal prévenu a contesté ces accusations, affirmant que les plaignants avaient fourni de faux papiers et qu’ils ne cherchaient qu’à obtenir un titre de séjour.