CultureEconomieFranceMarocMondeMRESciencesSportUncategorized

Démission de Trudeau, montée de la droite et crise de logement imputée à la migration

Démission de Trudeau, montée de la droite et crise de logement imputée à la migration


Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé son intention de quitter la tête du Parti libéral au pouvoir au Canada, une fois qu’un nouveau chef sera choisi. Après avoir été chef de la formation pendant 11 ans et à la tête du gouvernement pendant neuf ans, il a déclaré en conférence de presse, la semaine dernière à Ottawa, que sa démission était motivée par «ce qui est dans le meilleur intérêt des Canadiens».

Alors qu’un nouveau chef du Parti libéral devrait être désigné d’ici mars, le Parlement canadien demeure suspendu. La démission de Trudeau est annoncée dans le contexte d’une grave crise du logement au Canada, exacerbée par la flambée des prix de l’immobilier et la baisse du pouvoir d’achat.

Cette crise du logement a été liée aux politiques d’immigration introduites par le gouvernement libéral, certains critiques attribuant la montée en flèche des prix de l’immobilier à l’afflux des étrangers. Mais le départ de Trudeau de la politique est-il vraiment dû à sa politique migratoire ? Les migrants sont-ils vraiment responsables de la crise ? Avant de répondre à ces questions, il est essentiel d’examiner comment les opinions des Canadiens sur cette question ont évolué, ces dernières années.

«Au cours de la dernière année, je pense qu’il y a eu un changement notable dans la vision des Canadiens sur l’immigration, remettant en question la croyance antérieure selon laquelle elle serait largement soutenue», a déclaré à Yabiladi Amine Karkach, consultant international en communication politique et affaires publiques, ancien conseiller politique à la Chambre des communes du Canada.

Une popularité en déclin

En donnant un aperçu de la situation au Canada, Amine Karkach explique que «la majorité des Canadiens ont désormais une opinion négative de l’immigration, motivée par des inquiétudes concernant les ressources limitées telles que le logement, les soins de santé et les services sociaux».

Ces sentiments ont contribué à la baisse de popularité de Trudeau dans les sondages, qui favorisent actuellement le Parti conservateur de droite, dirigé par Pierre Poilievre. Celui-ci a promis de maintenir les niveaux d’immigration alignés sur le nombre de nouvelles maisons construites.

La baisse de popularité de Trudeau n’est pas seulement évidente parmi les Canadiens, mais aussi au sein de son propre parti. «Depuis plus d’un an, il est à la traîne de son principal concurrent, Pierre Poilievre, dans les sondages. Cela a créé une pression interne au sein du Parti libéral», explique le consultant marocain. Selon lui, la situation découle de «l’incapacité de Trudeau à rassurer son caucus et ses députés sur le fait qu’ils seront réélus sous sa direction».

A cela s’ajoutent les échecs du Parti libéral lors des élections partielles. «En 2024, il en a perdu trois», souligne Karkach, notant que ces défaites ont eu lieu dans les bastions de la formation. Un autre facteur clé qui a conduit à la démission de Trudeau est le contexte politique et économique difficile après la pandémie.

«Pour de nombreux gouvernements en place, la situation économique post-pandémie a été difficile», a expliqué Karkach. Avec la démission de Trudeau et les élections fédérales initialement prévues pour octobre 2025, les Canadiens pourraient être confrontés à un scrutin anticipé. Cela pourrait ouvrir la voie à un gouvernement de droite promettant des contrôles d’immigration plus stricts.

Selon Amine Karkach, «le Parti conservateur du Canada est bien placé pour former le prochain gouvernement», surtout avec les victoires des récentes élections partielles dans les chefs-lieux libéraux traditionnels. «Les conservateurs ont remporté deux scrutins importants, l’un en Ontario et l’autre en Colombie-Britannique. Cela témoigne de son influence croissante, autant dans les sondages que dans les résultats politiques tangibles», dit-il.

La crise du logement injustement imputée aux immigrés

Dans ce contexte, Amine Karkach estime que les conservateurs vont probablement tirer profit de la gestion de la crise du logement par Trudeau. Toutefois, il pourrait s’avérer difficile pour eux de considérer les immigrants comme la cause principale de la situation.

«La politique migratoire du Canada est très complexe, car l’essor économique du pays repose sur deux piliers : la productivité et la croissance démographique», explique Karkach. «Les problèmes de productivité du Canada ne peuvent pas être résolus à court terme, mais la croissance démographique peut l’être, grâce à l’immigration».

Le gouvernement libéral a déjà annoncé son intention de poser des restrictions sur l’immigration temporaire et permanente, pour 2025 et 2026. «C’est une mesure surprenante», a noté Karkach, car le Parti libéral a toujours été populaire parmi les migrants et les nouveaux arrivants. Malgré l’opinion publique négative sur cette question, il souligne que les étrangers ne sont pas responsables de la crise du logement.

«Il est très facile pour les gouvernements et les partis populistes de blâmer les immigrants pour les crises actuelles au Canada. Mais la réalité est bien plus complexe». En fait, la croissance démographique due à l’immigration n’est pas le seul facteur qui pèse sur les marchés du logement et de la location. «Le vieillissement de la population canadienne, la formation de nouveaux ménages et l’appauvrissement de la classe moyenne y contribuent également», souligne Karkach.

De plus, les gouvernements canadiens successifs n’ont pas réussi à construire suffisamment de logements abordables pour la classe moyenne. «Cela a aggravé la crise», a soutenu Karkach. Malgré ces difficultés, il estime que le Parti conservateur fera preuve de prudence dans sa rhétorique électorale sur l’immigration. «Il est difficile pour Pierre Poilievre de mener une campagne anti-migration, car de nombreuses circonscriptions clés au Canada comptent une forte population d’étrangers», explique-t-il.

Alors que le Canada est aux prises avec ces problèmes, des questions se posent quant à l’avenir du «rêve canadien». Le durcissement des règles d’immigration et la montée en flèche des prix de l’immobilier vont-ils éroder son attrait ? Selon Karkach, les Canadiens restent optimistes.

«Je pense que les gens traversent une crise temporaire, mais ils croient toujours au rêve canadien», a-t-il conclu. «Même avec des impôts et un coût de la vie plus élevés, les immigrants apprécient les services publics et les infrastructures solides du Canada».





Source link

Articles connexes

Le Polisario se plaint du Maroc auprès de l’ONU

klayen

QatarEnergy fournira jusqu’à 7,5 Mt de soufre à OCP Nutricrops

klayen

Cinq condamnations à la prison ferme pour appels à la migration vers Ceuta

klayen

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Politique de confidentialité et de cookies