Ce dimanche a été marqué par deux marches, à l’appel d’une même organisation qu’est le Mouvement amazigh au Maroc. A l’occasion du 45e anniversaire du Printemps amazigh «Tafsut Imazighen», un rassemblement s’est tenu à Rabat et un autre à Marrakech, pour commémorer les événements du 20 avril 1980, lorsque la région de Kabylie en Algérie a subi une répression sanglante ayant fait des dizaines de morts parmi les manifestants amazighs, aux mains des autorités algériennes.
Initialement, les organisations amazighes ont prévu une marche nationale unifiée. Seulement, le consensus a manqué sur un ensemble de revendications communes, ce qui a conduit à une scission en deux factions. Par conséquent, l’une a choisi de manifester à Rabat, tandis que l’autre a préféré organiser son rassemblement à Marrakech.
À Rabat, les forces de sécurité ont entouré les manifestants sur la place Bab El Had, les empêchant de transformer le sit-in en une marche vers le Parlement. Les participants, qui ont nommé la marche en hommage à Mohamed Chafik, ont brandi des slogans pour revendiquer l’intégration de l’identité amazighe à celle de l’État. Par ailleurs, ils ont souligné la mise en œuvre nécessaire du statut officiel de la langue amazighe.
Les manifestants ont également exigé une reconnaissance constitutionnelle et politique, la protection de la langue et de la culture amazighes contre la marginalisation et l’exclusion, ainsi que la fin de toutes les formes de discrimination contre les amazighs dans les médias et l’éducation. Au Maroc, la langue amazighe est reconnue officielle par la Constitution de 2011.
Dans un autre volet, les participants au sit-in ont appelé à la libération immédiate des détenus du Hirak du Rif et des détenus d’opinion dans diverses régions.
Parallèlement, dans la ville de Marrakech, les organisateurs de la marche ont choisi de se concentrer sur les droits économiques et sociaux, soulignant la souffrance des habitants des régions montagneuses, surtout après le séisme d’Al Haouz.
A ce titre, les manifestants ont souligné que leur rassemblement vise à attirer l’attention sur les conditions de vie des personnes touchées par ce drame et qui vivent encore sous des tentes, au milieu de ce qu’ils ont décrit comme un retard dans la reconstruction dans les provinces d’Al Haouz, de Taroudant et de Chichaoua. Ils ont aussi déploré l’absence continue de services de base tels que la santé, le logement et les infrastructures.
Dans ce sens, les manifestants ont appelé à la fin de la marginalisation économique et sociale de ces zones, à l’instauration de la justice territoriale, à l’assurance des droits fondamentaux des locaux, à l’arrêt de l’expropriation des terres collectives et de l’exploitation des ressources naturelles, tout en réaffirmant leur revendication de liberté d’expression et de libération des détenus d’opinion.