Mohamed Marrakchi est né dans la ville d’Oujda en 1968, où il a vécu pendant vingt ans avant de s’installer à Nancy, dans la région Lorraine en France, pour poursuivre ses études. Il développe sa passion pour le basketball, depuis ses années de collège.
A l’âge de 14 ans, il rejoint le club de basketball de l’Office national de l’électricité, «une véritable institution éducative ayant une place importante dans [sa] vie», reconnaît-il. Peu de temps après, il a intégré le Mouloudia d’Oujda, ce qui lui a permis d’acquérir de l’expérience à un niveau athlétique supérieur.
Priorité à l’éducation
«À l’âge de 16 ans, j’ai reçu ma première invitation à participer aux stages d’entraînement de l’équipe nationale. Mais pour moi, l’éducation était la priorité, tandis que le sport était un moyen qui pouvait m’aider à atteindre mes objectifs académiques», a-t-il déclaré à Yabiladi.
Il a expliqué que «durant [sa] carrière sportive, l’accent n’était pas seulement mis sur la performance athlétique mais aussi sur les valeurs et l’éducation». «Le Mouloudia d’Oujda était comme une seconde famille pour moi, où j’ai trouvé des frères aînés qui m’ont apporté conseil et soutien», a-t-il ajouté.
«Les seules opportunités que j’ai eues de représenter le Maroc étaient avec l’équipe de Mouloudia Oujda, lors de tournois internationaux organisés en Algérie lorsque les frontières étaient ouvertes. Il nous était plus facile de voyager en Algérie pour jouer des matchs et participer à de grands tournois là-bas, comparé à des voyages vers des villes plus lointaines, comme Fès ou Rabat.»
Mohamed Marrakchi
Un des moments les plus marquants de sa carrière a été de remporter le Championnat universitaire marocain en 1989 avec le clubde l’Université d’Oujda. Il nous a confié : «Bien que la ville n’ait pas remporté de titre national en basketball, gagner le titre universitaire avait une signification particulière pour moi.»
Les défis auxquels il a été confronté en jouant pour Mouloudia ont souvent été les blessures. «Malheureusement, j’en ai subi deux graves au genou, ce qui est la pire chose qui puisse arriver à un joueur de basketball. À 16 ans, j’avais le potentiel d’atteindre un niveau supérieur dans ma carrière sportive, mais les blessures m’en ont empêché. Cependant, je crois que tout ce qui s’est passé était pour le mieux, car cela m’a poussé à me concentrer sur mes études et ma future carrière», nous dit-il.
Il a regretté de ne pas avoir pu jouer pour l’équipe nationale marocaine et a déclaré. «Quand il s’agit de représenter le pays, c’est complètement différent de jouer dans le quartier ou la ville. Il s’agit de porter le drapeau national, avec la fierté d’entendre l’hymne national joué avant ou après le match», ajoute-t-il.
À l’âge de 20 ans, il s’installe en France pour poursuivre ses études à la Faculté des sports de Nancy, se spécialisant dans la gouvernance et l’ingénierie du sport. Il a souligné avoir choisi ce domaine, le sport étant «un excellent moyen de se constituer un réseau, avec l’avantage de pas différencier entre la couleur ou la religion ; il est universel et multiculturel».
Mais ses débuts en France ne se sont pas passés comme prévu, vu «le choc culturel important, le temps froid et les températures atteignant -10 degrés en Lorraine, ce qui a rendu la première année extrêmement difficile».
Bien que la Fédération royale marocaine l’ait appelé à porter le maillot de l’équipe nationale, ses engagements académiques l’en ont empêché. A ce titre, il reste conscient «du pouvoir et de l’impact du sport, avec la volonté de réussir dans ce domaine, mais toujours dans le cadre de l’éducation, vu que la seule le professionnalisation dans le sport ne garantit pas un moyen de subsistance».
«Mes parents ont insisté sur l’importance de l’éducation aux côtés du sport et la nécessité de poursuivre des études supérieures. Après cela, j’ai eu l’opportunité de passer l’examen d’entrée dans une école prestigieuse spécialisée dans le sport, ce qui m’a permis de toujours rester dans le domaine sportif.»
Mohamed Marrakchi
Après ses études, Mohamed a voulu rendre ce que le sport a pu lui apporter. Depuis 2004, il a participé à de nombreux projets internationaux, notamment dans sa ville natale.
À partir de 2009, il a organisé de nombreux stages, tournois et programmes d’échange, avec la conviction que le sport reste un formidable moyen d’échange culturel.
En 2010, il a organisé un tournoi hommage à Oujda pour les figures sportives, reconnaissant leur rôle significatif au service du sport. Depuis la pandémie de Covid-19, il a élargi ses activités pour inclure le continent africain, «croyant en l’importance de la coopération Sud-Sud, où le Maroc joue un rôle clé».
«En 2018, j’ai eu l’opportunité d’assister au All-Star Game à Los Angeles, ce qui était un rêve devenu réalité pour moi. Même si j’avais cinquante ans à l’époque, je me sentais comme un jeune enfant, émerveillé par tout ce qui m’entourait. Je travaille actuellement sur un projet visant à mobiliser la diaspora marocaine à travers le monde pour soutenir le sport marocain, notamment en prévision des événements de 2025 et 2030.»
Mohamed Marrakchi
Un intérêt pour le basketball 3×3
En plus du basketball traditionnel 5×5, Mohamed s’intéresse depuis des années au basketball 3×3. Aujourd’hui, il est l’un des acteurs clés du développement de ce sport, tant au niveau local qu’international, mettant en avant ses nombreux avantages en France et au-delà.
Depuis 2020, il s’est rendu au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Guinée et en Tunisie pour partager son expérience de trente ans en participant à des conférences et des mentorats. Il a déclaré : «Le basketball 3×3 est pour les fans et doit compléter le basketball traditionnel. Certains restent dubitatifs quant à l’impact négatif sur la discipline conventionnelle0, mais l’expérience en Guinée a prouvé le contraire.»
Selon lui, le basketball 3×3 est plutôt un moyen de développer le basketball traditionnel, ce qui réussit aux «fédérations qui le comprennent». «En Afrique, je travaille directement avec les instances locales… L’important est qu’elles réalisent qu’elles ne doivent pas commencer par organiser directement de grands événements, mais plutôt de construire à partir de la base», a-t-il ajouté.
Il a récemment été nommé directeur général du basketball 3×3 en Guinée. «Ce n’est pas seulement un travail technique, mais une ingénierie sportive. Avoir une équipe nationale forte est bien, mais comment pouvons-nous engager les fans ? Comment créons-nous des projets qui réalisent des partenariats ? Travailler sur l’aspect social signifie impliquer les villes, la coopération et les partenariats», explique-t-il.
Mohamed Marrakchi considère le footballeur français Michel Platini comme son modèle. «Je l’admire depuis mes dix ans. J’ai toujours porté le numéro 10 dans toutes les équipes avec lesquelles j’ai joué. J’ai été ravi de venir en Lorraine, la région d’origine de Platini. J’ai visité la ville et le quartier où il a grandi. Malheureusement, je n’ai pas encore eu l’occasion de le rencontrer, mais je garde cet espoir», confie-t-il.
Selon lui, Platini est «un modèle idéal pour la réorientation de carrière après la retraite sportive». «Il a commencé en tant que joueur, puis est devenu entraîneur, ensuite directeur, et plus tard homme d’affaires. Il est un excellent exemple de la manière de tirer parti d’une carrière sportive pour construire un avenir professionnel solide», reconnaît Marrakchi.