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De l’UE au Maroc, la traque au TPO devient une question de santé publique

De l’UE au Maroc, la traque au TPO devient une question de santé publique

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L’Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS) a annoncé, le week-end dernier, l’interdiction au Maroc des produits cosmétiques contenant de l’oxyde de diphényl triméthylbenzoyl phosphine (TPO), qui se trouve surtout dans les vernis à ongles et gels semi-permanents. Dans son communiqué, l’instance a indiqué que cette mesure à effet immédiat concernait aussi bien la mise sur le marché que la fabrication, l’importation, la distribution et l’utilisation.

La décision a été annoncée au Maroc, dans un contexte où une directive de l’Union européenne en la matière est entrée en vigueur, le 1er septembre 2025. Jusqu’ici autorisé à 5% dans les formules professionnelles dans l’UE, le TPO utilisé comme photo-initiateur sous lampe UV ou LED pour faire durcir le vernis a été classé «toxique pour la reproduction» (CMR), dans la catégorie B1. Il fait ainsi partie des substances concernées par le règlement européen Omnibus VII, porté au Journal officiel de l’UE en mai 2025. Ce dispositif bannit les composants cosmétiques «dangereux pour la santé humaine, classés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction».

En 2023 déjà, l’Académie nationale de médecine française a par ailleurs alerté sur les effets des lampes UV/LED utilisées pour durcir le vernis semi-permanent et les gels contenant du TPO, comme l’accélération du vieillissement de la peau, les irritations et le risque accru de développer un cancer cutané. De plus, le ponçage préalable et la dépose à l’acétone fragilisent davantage l’ongle, multipliant ainsi les méfaits d’un usage répété et non espacé.

«Une mesure de santé publique» au Maroc

Au Maroc, l’AMMPS a indiqué se baser sur «une évaluation approfondie des données scientifiques» et des normes internationales, confirmant le profil toxicologique du TPO. Au vu des dangers de la substance, le corps médical accueille favorablement l’interdiction décrétée, comme nous l’affirme la dermatologue spécialiste en chirurgie et maladies des ongles, Hafssa Chehab.

Auprès de Yabiladi, Dr Chehab s’est félicitée d’«une mesure de santé publique», qui s’appuie sur «des données scientifiques montrant la toxicité potentielle de ce composé». Dans la pratique, la médecin souligne justement que les professionnels de santé ont été sensibilisés à cette directive. «Nous veillons à informer les patientes des risques liés aux produits non conformes et cette réglementation est un pas en avant, afin de mieux protéger la santé des consommatrices», nous dit-elle.

Concernant les études récentes portant sur l’exposition au TPO, l’une des principales a démontré notamment «qu’après l’application d’un vernis contenant cette substance, le niveau de ce produit dégradé dans les urines augmentait de près 7 fois par rapport à la normale, et 10 à 15 heures après la pause», indique la praticienne. Elle explique ainsi que «cela confirme l’existence d’une exposition notable à travers la peau et que les composants – TPO et TPHP – peuvent pénétrer et se diffuser systématiquement chez les utilisatrices régulières ou chez les professionnels des ongleries».

Hafssa Chehab, dermatologue et spécialiste en chirurgie et maladies des onglesHafssa Chehab, dermatologue et spécialiste en chirurgie et maladies des ongles

Dans le pays, le danger est bien réel chez les utilisatrices. Abordant les aspects sanitaires et médicaux dans ce sens, Dr Chehab connaît concrètement les méfaits du TPO auprès des personnes utilisant fréquemment les vernis semi-permanents parmi ses patientes. Selon la praticienne, «les cas les plus courants sont les dermatites de contact, les rougeurs, les démangeaisons, l’eczéma autour de l’ongle». «On peut voir aussi des fragilisations importantes de la plaque unguéale, qui peut mener jusqu’au décollement partiel ou total de l’ongle», nous déclare-t-elle.

Un suivi nécessaire en cas de symptômes

Selon Dr Chehab, «ces complications surviennent souvent avec des pauses répétées, surtout si les patientes n’enlèvent pas leur vernis pendant des semaines ; généralement, on préconise quatre jours avec vernis et trois jours sans, afin de laisser à l’ongle un temps de récupération à l’air libre». Concernant la prise en charge médicale nécessaire en cas d’atteinte de l’ongle ou des tissus péri-unguéaux qui l’entourent, la praticienne insiste que «la première étape consiste à arrêter immédiatement l’utilisation du vernis».

A partir de là, «le suivi dépend du degré de la gravité». «Les réactions cutanées légères sont traitées localement avec des crèmes apaisantes, ou de la cortisone. Mais les atteintes plus sévères, comme la perte de l’ongle ou le décollement qui donnera suite à des infections secondaires, nécessitent un suivi plus prolongé», explique la médecin.

Dans ces cas-là, «des antifongiques ou des antibiotiques sont indiqués et on prévoit surtout un temps de cicatrisation sur plusieurs mois». «Pour le décollement des ongles des mains, il faudrait compter six mois mais pour les pieds, cela peut aller jusqu’à deux ans afin de récupérer un ongle normal», souligne la dermatologue.

A partir de l’entrée en vigueur des mesures d’interdiction du TPO, les médecins continuent la sensibilisation à ce sujet, tandis que les fabricants et les professionnels sont appelés à recourir à des alternatives conformes. En plus du retrait des stocks, ils sont tenus de cesser la distribution, la vente et l’utilisation des produits contenant cette substance. Des gammes de substitution aux dérivés pétrochimiques existent déjà, comme les vernis biosourcés et ceux à base d’ingrédients végétaux.





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