Alors que DAZN annonçait viser 1,5 million d’abonnés « légaux », le piratage sur la première journée de Ligue 1 a explosé. Pour preuve, le nombre de téléspectateurs qui ont suivi le lever de rideau de la saison 2024-2025 d’une manière détournée via Telegram, IPTV ou encore un VPN aurait atteint un million, rapporte Le Parisien. DAZN et la Ligue professionnelle de football (LFP) éprouvent d’énormes difficultés à éradiquer le phénomène. Il lui est difficile de bloquer Telegram. « On a un groupe de discussion avec Telegram. On leur notifie les canaux illicites qu’on a repérés à la plateforme. Ensuite, ce sont les modérateurs de Telegram qui doivent fermer les canaux de streaming », détaille une entreprise en cybersécurité qui collabore avec plusieurs entités dans le monde du sport. Mais la collaboration s’avère inefficace. « Le problème, c’est qu’au moment de la première alerte de Telegram, le pirate est au courant qu’il a été repéré. Il a le temps de créer un nouveau lien de streaming et nous, on repart de zéro. C’est sans fin, alerte Hervé Lemaire, patron de LeakID (groupe Forward), une PME spécialisée dans la protection des ayants droit comme la Premier League. Telegram n’est pas du tout coopératif. » Et d’ajouter : « On est obligé de passer par ce canal de discussion. On a aucun contact direct avec les modérateurs ou même un employé de Telegram. Tant qu’on n’aura pas une collaboration étroite avec eux, le problème ne sera pas résolu. »
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Éradiquer le service IPTV est aussi une mission compliquée. « Les IPTV prennent plus de temps à bloquer, car il faut trouver le serveur d’origine qui est généralement localisé à l’étranger », précise le patron de MyMedia Agency, une entreprise en cybersécurité. Mohammed Boumediane, PDG de l’entreprise Ziwit, un des leaders dans le marché de la cyberdéfense est de cet avis : « Tant qu’on ne coupe pas le problème à la source en fermant les serveurs au Maroc ou au Moyen-Orient, les vendeurs d’IPTV continueront d’exercer. » La fermeture d’un service IPTV passe par une première demande au juge puis le blocage définitif par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) de l’accès. « Depuis que cette procédure a été mise en place en novembre 2022, 513 services IPTV ont été bloqués et le piratage sportif a diminué de 27 % », indique l’Arcom. Depuis le 2 août, le tribunal judiciaire de Paris ordonne aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) d’empêcher désormais l’accès aux services IPTV diffusant sans autorisation les rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2. Cette injonction a porté ses fruits. Cela a permis de « mettre en œuvre des mesures de blocage dès la première journée. Jusqu’alors, il n’avait pas été possible de les mettre en œuvre avant la 7ᵉ journée du championnat », s’est néanmoins félicitée la Ligue de football professionnel auprès du journal français.
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Un espoir qui sera toutefois douché par VPN, le nouveau danger. Grâce à VPN, un réseau privé qui permet de se localiser dans un autre pays, la Ligue 1 dont les droits de diffusion ont été acquis par la chaîne brésilienne Cazé TV au Brésil pour la période 2024-2027 est accessible sur YouTube depuis la France. D’ailleurs, de nombreux Français ont pu profiter le week-end dernier. « Utiliser un VPN pour consommer du contenu qui n’est pas disponible dans votre pays est parfaitement illégal ! », martèle Hervé Lemaire, patron de Leak ID. Mais il n’y a presque aucune possibilité pour lutter contre cette pratique illégale, car la plateforme YouTube n’offre aucune option aux administrateurs de chaînes pour détecter ou bloquer les utilisateurs ayant recours aux VPN. « En utilisant un VPN, le fan français se connecte via une adresse IP brésilienne (étiquette d’identification numérique) pour avoir accès à cette chaîne YouTube. Il est donc très difficile de le différencier par rapport à un viewer brésilien, détaille Hervé Lemaire. Lutter contre cette méthode va être très difficile. » LFP et DAZN ont donc du pain sur la planche.