Le roman «L’Homme qui lisait des livres» (éd. Julliard) de l’auteur Rachid Benzine est un de coup de cœur de cette rentrée littéraire. Dans ce nouvel opus, l’écrivain franco-marocain raconte la vie de Nabil, un libraire à Gaza né en 1948. D’un père chrétien et d’une mère musulmane, il le protaginiste relate la Nakba, les réfugiés, son tissu familial et la place de l’écriture dans le chaos, inscrivant ainsi son témoignage dans l’épopée palestinienne.
Installé à Gaza entre 2014 et janvier 2025, Nabil offre des livres, dans un acte de résistance qui refuse la déshumanisation et le récit impersonnel sur la Palestine. C’est sa rencontre avec un photographe français qui constitue devient le point de départ d’un récit collectif, raconté par le libraire lui-même. Dans une manière de faire parler la mémoire collective, le personnage principal s’ouvre sur son histoire intime et les affres de l’exil, dans une zone en proie actuellement au génocide commis par Israël.
A travers cet ouvrage, Rachid Benzine restaure d’ailleurs l’humanité volontairement effacée d’une population qui refuse la colonisation non seulement au lendemain du 7 octobre 2023, mais depuis plus de 70 ans. En filigrane d’un roman dans lequel la petite histoire rejoint la grande Histoire, l’islamologue refuse surtout le sentiment d’impuissance en temps de guerre. Il y confronte le pouvoir de la littérature pour maintenir l’empathie en vie, par le bias de cet opus comme de Nabil.
Dénotant du succès anticipé de l’ouvrage avant même sa mise en librairie, en août dernier, l’opus fera l’objet de quatorze traductions. Une illustration réussie du pouvoir de la littérature à proposer un autre récit que celui de la rhétorique mortifère face, à la destruction et à la déshumanisation.