Le réseau a été démantelé après des mois d’enquête minutieuse. Ses membres sont accusés d’exploitation de migrants, de fraude et de blanchiment d’argent. « Les ouvriers étaient logés dans des habitats insalubres, souvent sous le contrôle direct des organisateurs du réseau, et se retrouvaient dans une situation de dépendance totale », indique l’ordonnance de renvoi de la juge d’instruction Elsa Servant, à laquelle La Dépêche a eu accès.
Dans ce document de 78 pages, la magistrate donne des détails sur ce réseau bien organisé, dirigé par des criminels d’origine marocaine, dont Aziz Z., un Moissagais de 47 ans, considéré comme le leader du réseau, en charge de la stratégie financière et logistique. Ancien entrepreneur dans le bâtiment, il aurait créé des sociétés écran et développé un système de blanchiment d’argent. Oualid R., un Montalbanais de 39 ans, présenté comme son bras droit, était à l’opérationnel. Il coordonnait le processus de recrutement des ouvriers dans leur pays d’origine et leur transfert vers des exploitations agricoles en France.
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Les investigations sur ce réseau ont démarré en 2019. Après quelques mois de recherche, les enquêteurs ont découvert les fausses déclarations sociales déposées par les sociétés fictives du réseau. Les perquisitions menées en 2021 ont également permis de saisir des documents compromettants : faux contrats de travail, listes fictives de personnel et correspondances. Les enquêteurs ont aussi réussi à retracer les flux financiers suspects entre la France et le Maroc, grâce aux écoutes téléphoniques réalisées.
En tout, dix personnes ont été mises en examen entre mai et septembre 2021 dans le cadre de cette affaire. Aziz Z. et Oualid R. sont poursuivis pour travail dissimulé en bande organisée, blanchiment aggravé, usage de faux et aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulière. Les accusés comparaitront la semaine prochaine devant le tribunal judiciaire de Montauban.