Après trois jours d’escale au port de Casablanca, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre reprendra la mer ce mardi. Il participera, aux côtés de la Marine royale marocaine, à des exercices de perfectionnement consacrés à la sécurisation de l’espace maritime.

Décrit comme «un couteau suisse, le Tonnerre est conçu pour accueillir plusieurs hélicoptères, des engins de débarquement amphibie, un état-major de commandement ainsi qu’un hôpital embarqué»
Ces manœuvres, prévues jusqu’à mercredi, porteront notamment sur la surveillance et la lutte contre les activités illicites en mer. Ensuite ce géant des mers français naviguera vers le golfe de Guinée où il mènera pendant trois mois la mission «Corymbe», destinée à renforcer la sécurité maritime dans la région. «Nos missions sont axées sur la préparation opérationnelle et la projection de forces, menées aux côtés de nos alliés, afin d’être prêts à intervenir ensemble partout où cela est nécessaire», a déclaré le capitaine de vaisseau Arnaud Bolelli et commandant du Tonnerre, lors d’une conférence de presse organisée samedi à bord du vaisseau, en présence de Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc.
Accosté le 13 septembre, le Tonnerre impressionne par ses dimensions hors normes: près de 200 mètres de long, 23.000 tonnes et la capacité d’embarquer 650 militaires et 2.000 personnes «en cas d’urgence». Décrit comme «un couteau suisse, le bâtiment marin est conçu pour accueillir plusieurs hélicoptères, des engins de débarquement amphibie, un état-major de commandement ainsi qu’un hôpital embarqué». «Sa force réside dans son interopérabilité, qui lui permet de travailler efficacement aux côtés des marines alliées. Mais sa vraie force ce sont les femmes et les hommes qui l’animent», a ajouté le capitaine Bolelli.

«Le Maroc, par sa vocation atlantique, est un partenaire de plus en plus incontournable», a rappelé Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, insistant sur la confiance et la complémentarité qui marquent la relation bilatérale
Parti le 10 septembre de Toulon, Casablanca est la première étape du Tonnerre, illustrant la solidité de la coopération militaire entre Paris et Rabat. Une coopération qui s’appuie sur un programme annuel particulièrement dense, marqué notamment par l’exercice bilatéral Chébec, conduit sans interruption depuis plus de 30 ans. «Le Maroc, avec ses grandes ambitions atlantiques, a tout intérêt à développer des actions dans des domaines comme la formation dans le golfe de Guinée, mais aussi dans des enjeux majeurs abordés au Sommet de Nice pour les océans: la lutte contre la pêche illégale, la pollution maritime, la piraterie et les trafics en mer», a souligné Christophe Lecourtier.
L’escale du Tonnerre a été l’occasion d’organiser des activités conjointes, des conférences et des visites afin de renforcer les liens entre les marines marocaines et françaises.
A l’issue de la rencontre avec les médias, une réception officielle, présidée par l’ambassadeur de France et le commandant du Tonnerre, a rassemblé des responsables marocains, des diplomates et représentants de la communauté française, du monde des affaires et de la société civile.
Une académie à bord
Le Tonnerre accueille à son bord la promotion 2025 du stage embarqué SIREN (Stage d’instruction régional embarqué et numérique). Cette formation internationale réunit 39 stagiaires dont 6 femmes issus de 21 pays d’Afrique et d’Europe du Sud. «Cette formation à laquelle participent aussi des instructeurs d’organisations internationales comme l’ONU, Interpol ou encore divers programmes européens permet d’approfondir les compétences dans les missions de l’État en mer. En clair, il s’agit de sécuriser les espaces maritimes face aux menaces et aux risques de pollution, pêche illégale, piraterie et autres trafics illicites», a indiqué Emmanuel Vignet, capitaine de corvette, directeur de l’académie embarquée.
Parmi ces stagiaires, un officier marocain et un instructeur de l’École royale navale participent activement aux enseignements, symbole concret de la coopération entre Rabat et Paris dans le domaine de la sécurité maritime. «Le but est de voir comment chaque pays développe ses outils pour mieux protéger ses espaces maritimes. Le Maroc, en particulier, offre des exemples inspirants pour de nombreux pays du golfe de Guinée. C’est un beau défi, mené main dans la main avec nos partenaires marocains», ajoute le capitaine Vignet.
Fatima EL OUAFI
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