Vendredi, lors de notre révélation du nom de l’entreprise à qui appartient l’usine sur la route de Jorf El Youdi, à Safi, qui a été la cible d’une descente des services de police, nos questions auprès d’Unimer sont restées sans réponse. Samedi soir, 24 heures après la publication de notre article, le groupe leader des produits de la mer au Maroc a communiqué pour tenter de faire du «damage control» avant l’ouverture de la Bourse de Casablanca, où la société est cotée depuis 2001.
«À la suite de la saisie par les douanes au port de Casablanca d’une cargaison de chira (3,6 tonnes, ndlr) dissimulée dans un conteneur de farine de poisson expédié par la société Unimer Proteins, filiale du Groupe Unimer, une enquête est actuellement menée par les autorités compétentes afin de déterminer les circonstances liées à cette saisie et les personnes impliquées dans cette affaire», annonce l’entreprise, samedi soir.
Infographie avec les principaux clients Unimer dans le monde / Unimer
Afin de réduire la gravité de cette affaire de trafic de drogue, la filiale du holding Sanam appartenant à la famille Alj, le communiqué de presse rappelle l’important volume de conteneurs et camions qu’elle envoie vers l’international.
«Le groupe Unimer, acteur majeur du secteur halieutique marocain, exporte depuis plusieurs décennies plus de 1 500 conteneurs et camions par an via ses 16 filiales industrielles, notamment vers ses partenaires historiques internationaux. Ces exportations sont réalisées dans le strict respect des procédures réglementaires et n’ont jamais enregistré d’incident similaire.»
Unimer
Les cargaisons de farine de poisson propices au trafic de drogue
Les produits de ce type (farine, poudre, granulés empaquetés ou en vrac) sont propices aux trafics de drogues. Les volumes considérables exportés chaque année peuvent servir aux réseaux internationaux pour passer de grosses cargaisons sans prendre les risques des transports clandestins (bateaux zodiac, petits avions… entre le Maroc et l’Espagne).
Farine de poisson / Image d’illustration – DR
Dans cette affaire impliquant Unimer, l’importateur basé en Belgique allait recevoir 20 tonnes de farine de poisson dont 3,6 tonnes de chira (cannabis) ; la tonne de chira ayant une valeur équivalente à environ 1 000 tonnes de farine de poisson.
Mais si l’enquête s’intéresse à l’importateur belge, elle vise également à déterminer si l’entreprise ou les membres du personnel sont impliqués dans des faits de complicité et de participation au trafic, ou s’ils ont fait preuve de négligence dans leur supervision des procédures d’usage.
Le directeur de l’usine et le chef de l’unité de production ont d’ailleurs été interrogés. Pour montrer sa totale collaboration avec les enquêteurs, la filiale Unimer Proteins annonce être «à disposition des autorités compétentes, et se réserve le droit de poursuivre toute personne impliquée dans cette affaire».
Unimer Proteins
Cette filiale du groupe Unimer, produit de la farine et de l’huile de poisson. Issues de poissons pressés, séchés et moulus, les produits transformés constituent à l’origine un moyen de tirer profit des surplus de la pêche dédiée à la consommation humaine. Cette filière portée par la filiale est chargée de collecter les déchets de poissons non utilisables (achetés moins de 3 dirhams le kg) et les revaloriser grâce à un traitement spécifique. Sa production est destinée à la fois au marché local et international.