La lune de miel entre Hassan II et Kadhafi n’a pas duré longtemps. La réunion à Ifrane en 1986 entre le roi et le premier ministre israélien, Shimon Pérès, a mis brusquement un terme à l’Union arabo-africaine, signé en grande pompe à Oujda en 1984. Des entretiens que le colonel n’avait pas acceptés. C’est dans ce contexte qu’il avait entrepris le projet d’assassiner le monarque chérifien. C’est ce que révèlent les mémoires de Atef Abou Baker, un haut responsable palestinien très proche de Yasser Arafat, diffusés sur la chaîne saoudienne Al Arabiya.
Ce cadre de l’organisation Fath affirme qu’en 1987, Kadhafi avait confié à Saber Al Banna, alias Abou Nidal, un terroriste palestinien aux ordres de certains présidents arabes, le projet d’assassiner Hassan II. Des opposants marocains avaient été appelés en renfort. Dans ses révélations, Atef ne donne pas de précisions sur leur identité idéologique.
De 1969, année de son coup d’Etat réussi contre la monarchie, jusqu’en 1987, la liste des obligés marocains du «Guide» libyen était longue. Il avait accueilli dans des camps d’entrainements des membres de la gauche et des islamistes de la Chabiba Islamiya. Aux débuts des années 80, le leader de cette organisation, Abdelkrim Moutiî, et certains de ses proches qui avaient fuit le Maroc vivaient exilé en Libye.
Des armes entrées grâce à un vol reliant Tripoli à Casablanca
Malgré l’opposition des Syriens qui refusaient de jouer le rôle des auteurs de l’opération que leur a concocté Kadhafi, les préparatifs du projet étaient à un stade avancé, a souligné Atef Abou Baker.
Grâce à un vol reliant Tripoli à Casablanca, des armes (des Kalachnikovs et des lances roquettes RPG) avaient été introduites au Maroc en attendant le jour j. Le groupe chargé de l’exécution de la mission avait repéré le lieu de l’attentat : entre le palais de Touarga à Rabat et l’hôtel Hilton. Les roquettes RPG étaient destinés à faire exploser la voiture blindée de Hassan II. Entre temps les autres assaillants munis de leurs kalachnikovs devaient tirer sur les gardes du corps qui accompagnaient le cortège royal, a indiqué Atef.
Alors que les hommes d’Abou Nidal et les opposants marocains attendaient les ordres de Kadhafi, celui-ci avait décidé de faire marche arrière et d’annuler toute l’opération. Le Palestinien Atef Abou Baker justifie ce revirement par des ententes politiques et sécuritaires entre Kadhafi et Hassan II.