Depuis 1979, le Maroc commémore chaque année à la date du 14 août l’anniversaire de la récupération de la province d’Oued ed Dahab, dont Dakhla est le chef-lieu ; un tournant dans le conflit du Sahara occidental. Les médias officiels évitent d’aborder les circonstances à l’origine de cette récupération, se contentant plutôt de reportages sur le développement qu’a connu la douzième région du royaume. Lorsqu’ils actionnent la machine à remonter le temps, c’est simplement pour rediffuser de brèves séquences de la réunion qui s’était tenue au palais de Rabat le 14 août 1979 entre le roi Hassan II et des chioukhs d’Oued ed Dahab, venus prêter allégeance au monarque. Les faits historiques ne manquent pourtant pas.
Que s’est-il passé avant le 14 août ?
Le coup d’Etat du 10 juillet 1978 en Mauritanie a brouillé les cartes au Sahara. Le Maroc perdait alors un allié précieux en la personne du président Moktar Ould Daddah. Une aile de la junte au pouvoir voulait à tout prix se débarrasser des obligations de l’accord signé le 14 novembre 1976 entre Rabat, Madrid et Nouakchott, à l’issue duquel le territoire d’Oued Eddahab avait été accordé à la Mauritanie, et le reste du Sahara au Maroc.
Ce putsch, le premier du genre chez le voisin du sud, avait amorcé un rapprochement entre les militaires et le Polisario. En témoigne, la trêve unilatérale décrétée par le mouvement séparatiste. Sous le parrainage de l’Algérie, les deux parties avaient initié, les 3 et 4 août, des négociations à Alger. Le 5 août 1979, ils signaient un accord de paix annonçant officiellement le retrait de la Mauritanie des accords de Madrid. Khouna Ould Haidallah, le chef du Conseil militaire du salut national, qui réunissait 14 hauts gradés de l’armée, avait ordonné à ses troupes de se retirer d’Oued ed Dahab en vue de laisser le territoire aux milices du Polisario.
Hassan II réagit rapidement et efficacement
Face à cette nouvelle donne sur le terrain, la réaction de Hassan II n’a pas tardée. Il avait ainsi ordonné aux Forces armées royales (FAR) d’étendre leur présence sur toute la province, mettant en échec les plans du Polisario et de l’Algérie ; l’opération fut un succès. Néanmoins, Lagouira avait été épargnée par l’avancée des FAR. La souveraineté sur la petite ville côtière constitue encore un point de tension entre le Maroc de Mohammed VI et le régime du président mauritanien.
Une fois l’armée marocaine installée à Oued ed Dahab, des notables sahraouis prêtèrent allégeance au roi Hassan II, le 14 août 1979 au palais de Rabat. La prestation avait connu la distribution symbolique d’armes légères aux chioukhs pour se défendre des attaques des milices du mouvement séparatistes. Six jours plus tard, le ministère de l’Intérieur rendait public le décret n°2.79.659 instaurant la province d’Oued ed Dahab. Le 4 mars 1980, Hassan II organisait la cérémonie d’allégeance à l’occasion de la fête du Trône à Dakhla, chef-lieu de la province. Tout le Maroc officiel s’y était déplacé à cette occasion. Un message à l’adresse de l’Algérie et du Polisario pour leur faire comprendre que le maître de la situation, désormais, c’était lui.