Les produits agricoles marocains sont dans la ligne de mire de la droite française. Un député sous la bannière des Républicains a présenté une proposition de loi, appelant à «interdire l’importation de produits agricoles non autorisés en France». Le texte sera examiné le 6 février par l’Assemblée nationale française.
L’auteur de l’initiative législative, Antoine Vermorel-Marques, a estimé, dans une petite introduction, que les «grandes injustices» auxquelles font face les agriculteurs français «proviennent de produits importés ne respectant pas les normes qui leur sont imposées».
Une ligne qu’il a défendue dans une interview, expliquant que son texte a pour objectif de «protéger nos agriculteurs et les consommateurs, en interdisant les produits importés qui ne respectent pas nos normes sanitaires». Le député a notamment cité «la tomate du Maghreb, qui est traitée avec un pesticide interdit depuis quinze ans en France».
«C’est de la concurrence déloyale, il ne faut pas s’étonner ensuite qu’on soit en difficulté économique. Les rapports du Sénat considèrent qu’il y a 10 à 25 % des produits agricoles importés qui ne respectent pas nos normes sanitaires. Cela représente 10 milliards d’euros de pertes pour nos agriculteurs.»
Droite et extrême droite, même discours
Le discours porté par le député LR dans sa proposition de loi est largement partagé par ses collègues de l’extrême droite. En témoignent les positions défendues par l’actuelle présidente du groupe d’amitié parlementaire France-Maroc, Hélène Laporte du Rassemblement national (RN). Le 30 octobre 2024, alors que le président français effectuait une visite d’État au royaume, elle appelait sur la plateforme X la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, «à mettre fin à l’accord commercial visant à exonérer de droits de douane la tomate marocaine et qui place nos agriculteurs dans une situation de concurrence déloyale invivable depuis 2012 !».
La députée en a remis une couche, le 15 janvier 2025. Elle a plaidé pour une «révision des accords» d’association (…) qui s’opposent à l’intérêt de nos filières. Je pense notamment à l’accord nous liant au Maroc, qui prévoit des exonérations de droits de douane sur l’importation de tomates, y compris pendant la saison estivale».
Face à ces appels signés par des politiques de droite et d’extrême droite, qu’ils soient Français ou Espagnols, le Maroc tient à leur rappeler qu’il importe des produits agricoles européens. «L’Union européenne réalise un excédent commercial avec le Maroc de près de 600 millions d’euros. Et c’est l’UE qui exporte le plus de produits agricoles, céréales et autres, vers le Maroc», avait révélé le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lors du point de presse qu’il avait animé, en février 2024 à Rabat, avec Stéphane Séjourné, l’ancien chef de la diplomatie française.
Bourita avait également balayé d’un revers de main le prétexte de non-respect des normes phytosanitaires, agité par les droites comme un épouvantail pour faire peur aux consommateurs européens. «L’Union européenne n’est pas une passoire où tout entre sans contrôle (…) On a négocié des quotas. On a négocié des normes phytosanitaires. L’Union européenne était, d’ailleurs, très tatillonne sur les conditions», avait-il précisé.
L’Union européenne est tenue à proposer au Maroc, d’ici le 3 octobre prochain, deux nouveaux accords de pêche et agricole. Rabat exige que les produits du Sahara occidental soient inclus. Les arrêts de la Cour de Justice de l’Union européenne, du 4 octobre 2024, ont donné une année à l’UE pour s’y conformer.