Les consultations entre le Maroc et l’Iran avancent ; le régime iranien n’ayant pas rejeté les conditions marocaines, portant sur son soutien au Polisario. En effet, Téhéran se fait régulièrement l’avocat des positions du Front lors des travaux de la 4e Commission des Nations unies. En témoigne l’intervention depuis cette tribune en octobre dernier, d’une diplomate iranienne. Elle avait dénoncé «l’impérialisme mondial» et «réaffirmé la responsabilité des Nations unies envers le peuple du Sahara occidental et ses droits inaliénables, tels qu’énoncés dans les résolutions pertinentes de l’ONU».
Le royaume exige également l’arrêt de tout appui militaire direct, ou à travers l’organisation chiite libanaise le Hezbollah, au mouvement séparatiste. En revanche, il est encore prématuré de parler d’un retrait ou d’une suspension iranienne de la reconnaissance de la «RASD». Téhéran doit ménager son seul «allié» en Afrique du Nord.
Comme en 2023, Alger réagit
Justement, le voisin de l’Est observe ce rapprochement maroco-iranien avec appréhension. Après un silence médiatique de quelques jours, ce mercredi 20 novembre, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a eu un échange téléphonique avec son homologue iranien, Abbas Araghchi.
Les entretiens ont porté «sur plusieurs dossiers importants liés aux relations algéro-iraniennes, en plus d’autres questions d’intérêt commun, notamment celles programmées à l’ordre du jour du conseil des représentants de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’assemblée générale des Nations unies», indique la diplomatie algérienne dans un communiqué.
Pour mémoire, l’Algérie s’est mobilisée au plus haut niveau, suite à la volonté exprimée en juin 2023 par l’ancien ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, de normaliser les relations avec le Maroc, rompues depuis le 1er mai 2018. Une campagne lancée par le président Abdelmadjid Tebboune suite à un appel téléphonique à son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, décédé en mai dans le crash d’un hélicoptère. Quelques jours après cet entretien, Ahmed Attaf s’est rendu à Téhéran. Un déplacement suivi par l’arrivée du président de la Chambre des représentants, Ibrahim Boughali, en Iran dans le cadre d’une visite officielle.
Les nouveaux contacts entre le Maroc et l’Iran s’opèrent dans un contexte d’escalade militaire au Moyen-Orient qui a dépassé le territoire de Gaza. Ils interviennent surtout après la victoire du réformateur Massoud Pezechkian aux présidentielles du 5 juillet, ce qui pourrait marquer un changement dans la politique étrangère du pays. L’arrivée au pouvoir, en août 2013, de Hassan Rohani, qualifié également de réformateur, avait permis la reprise, en 2015 après un dialogue initié en 2014 en Tunisie, des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Iran, rompues en 2009.
Une autre élection aura un rôle important dans l’issue des contacts entre Rabat et Téhéran, mais cette fois aux Etats-Unis, avec Donald Trump à la Maison blanche.