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Commanderie des croyants et guidance du juriste : L’histoire tumultueuse des liens Maroc

Commanderie des croyants et guidance du juriste : L’histoire tumultueuse des liens Maroc

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Les relations diplomatiques et culturelles entre le Maroc et l’Iran constituent l’une des interactions les plus complexes et durables au sein du monde musulman. S’étendant sur plus de quatre siècles, elles se caractérisent par des échanges intellectuels, des influences religieuses, des alliances avortées, des ruptures idéologiques et des confrontations géopolitiques.

Bien que géographiquement éloignés, les deux pays ont souvent oscillé entre affinité et opposition, influencés par les circonstances historiques, les transformations idéologiques et les pressions extérieures.

Période médiévale et moderne : échanges intellectuels et culturels

Les fondations des relations maroco-iraniennes s’ancrent dans des interactions intellectuelles, spirituelles et religieuses qui ont prospéré à travers le monde islamique durant la période médiévale. Comme l’explique Annie Tracy Samuel dans son article «Commanding the Faithful: The Kingdom of Morocco’s Relations with the Islamic Republic of Iran», ces premiers liens ont été facilités par des réseaux transrégionaux de savants et de mystiques soufis reliant des villes comme Fès, Marrakech, Ispahan et Bagdad.

Les traditions soufies marocaines, notamment la Shadiliyya et la Jazouliyya, ont trouvé un terrain fertile dans le monde islamique oriental. Une contribution marocaine significative à la vie spirituelle iranienne fut le Dala’il al-Khayrat, un recueil de prières et bénédictions sur le Prophète, rédigé par Muhammad al-Jazouli au XVème siècle. Composé à Marrakech, ce texte fut largement adopté dans les khanqahs persans (loges soufies) et devint une partie intégrante de la pratique dévotionnelle en Iran. Comme le note l’historien français Dominique Valérian, sa diffusion du Maghreb à la Turquie ottomane et à la Perse safavide en fit un livre «quasi-sacré».

Les échanges culturels ne se limitèrent pas aux traditions théologiques et mystiques. Ils laissèrent également des traces dans la langue. L’influence persane pénétra l’arabe marocain à travers un vocabulaire emprunté au fil des siècles de contact, avec des mots comme ibrik (pichet), khanjar (poignard), yasmin (jasmin), misk (musc) et maristan (hôpital), témoignant de la profondeur de la diffusion culturelle. Ces empreintes linguistiques suggèrent un contact durable qui dépassa les élites pour façonner la langue populaire et la vie quotidienne.

Simultanément, les textes philosophiques et théologiques persans jouèrent un rôle essentiel dans la formation des traditions savantes marocaines. Les œuvres de penseurs comme al-Farabi et al-Ghazali étaient des incontournables dans les madrasas marocaines, révélant la nature bidirectionnelle des échanges intellectuels.

Deux figures marocaines se distinguent dans ce contexte. D’abord, Ibn Battuta, le voyageur du XIVème siècle dont la Rihla comprend des réflexions sur sa visite dans des villes persanes telles que Tabriz et Chiraz. Ses écrits fournissent l’un des rares récits marocains de première main sur la vie persane pendant la période de l’Ilkhanat mongol. Ensuite, Ibn al-Banna al-Marrakushi (1256-1321), un polymathe dont les œuvres mathématiques trouvèrent un public bien au-delà du Maghreb. Bien qu’il n’ait jamais voyagé en Perse, son influence s’étendit vers l’est, où ses traités sur l’algèbre et l’astronomie croisèrent les traditions scientifiques iraniennes.

Selon Wabelha Mahdi Mohammed dans son étude Joudour al-‘alaqat al-Maghribiya al-Iraniya, «les premiers liens maroco-iraniens étaient fondés sur des parallèles civilisationnels plus que sur une proximité territoriale».

Le Grand Jeu : Shah Abbas et le sultan marocain

La tentative diplomatique la plus marquante survint à la fin du XVIe siècle lorsque la dynastie safavide iranienne chercha à établir une alliance avec la dynastie saadienne du Maroc. Cette ouverture était motivée par une stratégie commune : contenir l’expansion ottomane. Selon l’historien Dr. Abdelhadi Tazi dans «L’histoire diplomatique du Maroc des temps anciens à nos jours», les Safavides prirent conscience du pouvoir croissant du Maroc, surtout après la victoire saadienne à la bataille des Trois Rois (1578) contre les Portugais.





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