Au Maroc, la majorité de la population considère l’arabe comme sa langue maternelle. L’amazigh, également connu sous le nom de tamazight, est pourtant une langue officielle depuis 2011. Alors que 80,6% des près de 37 millions d’habitants déclarent que l’arabe (darija, ou dialecte marocain) est leur première langue, seuls 18,9% considèrent le tamazight, avec ses trois variantes, comme leur langue maternelle.
En examinant les statistiques du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2024, dévoilée par le Haut-Commissariat au Plan du Maroc (HCP), Yabiladi propose une catographie linguistique du Maroc.
Au total, l’arabe se taille la part du lion en termes de données collectées sur les langues maternelles. Sur les 80,6% de la population qui considère l’arabe comme langue maternelle, 86,7% est dans les zones urbaines. Dans les régions rurales, cette part représente 70,4%. Globalement, les hommes constituent 80,7% et les femmes 80,5%. Mais dans les campagnes, les citoyennes (69,7%) sont moins nombreuses que les concitoyens (71,1%) à considérer l’arabe comme première langue.
La plupart des locuteurs natifs de tamazight vivent dans les zones rurales (29,5%) plutôt qu’urbaines (12,7%). Dans les villages, cependant, les femmes sont plus nombreuses à se considérer comme telles, avec une part de 30,2% contre 28,8% pour les hommes.
Tamazight vs. Arabe par région
Quelle région du Maroc regroupe le plus grand nombre de natifs amazighophones parmi ses habitants ? Selon les données recueillies par le HCP, Draa-Tafilalet est en tête avec 64%, dont 73% dans les zones rurales. Elle est suivie de Souss-Massa (56,4%), dont la ville d’Agadir est le chef-lieu historique. Parmi les habitants, 48% vivent en ville et 69% dans les campagnes.
Dans les autres régions du sud du Maroc, Guelmim-Oued Noun compte également un grand nombre de locuteurs natifs de l’amazighe, avec 40,2%. Parmi eux, 75,3% se situent en zone rurale. Beni Mellal-Khénifra et l’Oriental arrivent en quatrième et cinquième position, avec respectivement 34,3% et 32,3%.
Les populations des régions qui comptent de grands centres urbains et des villes comme Marrakech, Tanger, Casablanca et Rabat, ont le plus faible nombre de locuteurs natifs amazighs.
Dans ce sens, Casablanca-Settat regroupe seulement 3,6% d’habitants considérant le tamazight comme leur langue maternelle. Ils présentent 5,2% à Rabat-Salé-Kénitra, 7,3% à Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et 8,9% à Laâyoune-Sakia El Hamra.
Cependant, dans ces régions, la majorité des populations considèrent l’arabe comme langue maternelle, à commencer par Casablanca-Settat avec 95,5%, Rabat-Salé-Kénitra avec 94,2%, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma avec 92,4%, puis Laâyoune-Sakia El Hamra avec 90,8%.
Les chiffres des arabophones et des locuteurs de tamazight diffèrent de ceux qui utilisent les deux langues pour communiquer. Selon le HCP, près de neuf personnes sur dix (91,9%) optent pour la darija marocaine, principalement dans les zones urbaines.
La proportion de la population optant pour l’amazigh comme langue fonctionnelle s’établit à 24,8% en 2024, avec 19,9% en milieu urbain et 33,3% en milieu rural.
A noter que le tamazight regroupe de nombreuses variantes. Le tachelhit est plus utilisé parmi les locuteurs amazighs du Maroc (14,2%), suivi du tamazight (7,4%) et du tarifit (3,2%). Le hassani, dans les provinces du sud est parlé par 0,8% de la population.