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Charles Sumner, le sénateur qui voyait le Maroc comme une réplique des Etats esclavagistes


Chaque 4 juillet, les Etats-Unis commémorent la Déclaration d’indépendance de 1776, sanctionnant le jour de l’Indépendance. Mais dès la fin de ce combat pour devenir indépendants de la Grande-Bretagne, une autre lutte avait été lancée dans le pays de l’Oncle Sam. C’est celle pour l’abolition de l’esclavagisme. Une lutte qui provoquera la Guerre civile américaine de 1861 jusqu’en 1865, connue sous l’appellation de Guerre de Sécession qui éclate à cause de l’esclavage d’Américains de peau noire.

Un an avant l’éclatement de ces affrontements entre Etats du Nord et ceux du Sud, un sénateur abolitionniste radical avait marqué les esprits par un discours où il avait comparé les États confédérés d’Amérique ayant refusé d’abolir cette pratique odieuse aux Etats d’Afrique du Nord, dont le Maroc.

Ainsi, le 4 juin 1860, le sénateur américain Charles Sumner, dirigeant des forces anti-esclavagistes du Massachusetts, avait prononcé un discours sur le «Projet de loi sur l’admission du Kansas en tant qu’Etat libre». Il avait ainsi choisi le Maroc comme exemple de ses arguments contre l’esclavage. A l’époque, l’esclavage en Afrique du Nord était une pratique courante liée notamment aux activités des pirates au XIXe siècle.

Afrique du Nord et Etats confédérés, deux parties du monde où «la barbarie a trouvé refuge» 

Il avait ainsi géographiquement comparé le royaume et ses territoires voisins aux États esclavagistes de la région du Bas-Sud des Etats-Unis. Charles Sumner avait qualifié le royaume chérifien de «principal siège actuel de l’esclavage dans la barbarie africaine», le comparant directement à Charleston, la plus grande ville de Caroline du Sud. Le sénateur américain était déterminé à représenter l’Afrique du Nord comme une réplique des Etats américains.  

Illustration. / DRIllustration. / DR

«Il n’y a pas deux espaces à la surface du globe, d’égale étendue, qui présentent autant de traits distinctifs de ressemblance. Si nous considérons les parallèles communs de latitude sur lesquels ils se situent, la nature commune de leurs frontières, leurs productions communes, leur climat commun ou la barbarie commune qui a trouvé refuge» dans ces deux territoires, avait-il argumenté. Et les commentaires du sénateur du Massachusetts sur les traits de ressemblance entre ces États confédérés et l’Afrique du Nord ne s’étaient pas arrêtés à ce niveau.

«La Virginie, la Caroline, le Mississippi et le Missouri devraient être le complément américain du Maroc, d’Alger, de Tripoli et de Tunis.»

Charles Sumner

Bien que «l’empereur du Maroc eut promis, dans un traité, que l’esclavage sera éliminé, cette pratique est toujours en vigueur dans la région», avait-il regretté.

Dans son discours, Sumner n’avait pas épargné les voisins du Maroc, qualifiés d’«Etats barbares». «Alger a longtemps été l’endroit le plus odieux des États barbares africains, jadis qualifié de ‘mur du monde barbare’ par un chroniqueur indigné», avait-il lancé. Et d’ajouter que la ville est localisée aux mêmes coordonnées que le Missouri, «jadis « mur » de l’esclavage en Amérique».

Un ouvrage dédié à l’esclavage blanc au Maroc et en Afrique du Nord

Ce n’était pas la première fois que le sénateur fustigeait le Maroc et l’Afrique du Nord. En 1853, le républicain radical avait écrit un livre qui abordait l’esclavagisme au Maroc de manière approfondie, avec des récits et des références. Dans son livre «White Slavery in the Barbary States» (L’esclavage blanc dans les Etats barbares, Editions J. P. Jewett, 1853), Charles Sumner avait critiqué le royaume pour le maintien de l’esclavage. «L’esclavage dans les États barbares est dénoncé comme un scandale indiscutable contre l’humanité et la justice», avait-il indiqué, en rapportant des récits de certains ressortissants européens ayant été réduits en esclaves dans le royaume chérifien.

Illustration. / DRIllustration. / DR

«Parmi les concubines d’un prince du Maroc, il y avait deux esclaves âgées de quinze ans, l’une Anglaise et l’autre française», avait-il rappelé, affirmant qu’une troisième, Irlandaise, «s’était retrouvée dans le harem de Moulay Ismail qui l’avait forcée à [se convertir à l’islam] avant de la livrer à un soldat», s’était-il indigné.

Les travaux de Sumner et ses déclarations sur l’esclavage avaient principalement été adressés aux Etats confédérés. Il avait même utilisé le mot «Barbary» (Etats barbaresques) pour décrire ces états de l’Amérique, les qualifiant d’«Etats barbares d’Amérique».

Dans un article du New York Times publié en 2013, Sumner était décrit comme un «abolitionniste radical» qui «avait décrit l’Afrique du Nord comme un analogue inquiétant au sud des Etats-Unis».





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