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Chadli Bendjedid et le changement de cap algérien sur le Sahara Occidental

Chadli Bendjedid et le changement de cap algérien sur le Sahara Occidental

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Après le décès de Houari Boumediene le 27 décembre 1978, Chadli Bendjedid accède à la présidence de l’Algérie le 7 février 1979. Durant son mandat, l’attention du pays sur la question du Sahara occidental s’est atténuée, envisageant sérieusement de mettre fin à ce conflit qui avait envenimé les relations entre Rabat et Alger.

Un document de la CIA, daté de juillet 1981, révèle que le Front de Libération Nationale (FLN), alors parti unique au pouvoir en Algérie, avait récemment affirmé que «la position algérienne actuelle sur la question du Sahara occidental est la suivante : l’Algérie est convaincue que la poursuite de la guerre au Sahara occidental ne sert pas ses intérêts nationaux, et les évolutions régionales nécessitent de mettre fin au conflit dès que possible».

Chadli Bendjedid rompt avec l’héritage de Boumediene

Le même document souligne que le président algérien Chadli Bendjedid a conclu «de manière décisive que le Front Polisario doit renoncer à l’idée de poursuivre indéfiniment les actions militaires, et si nécessaire, une solution politique devrait être imposée au front».

Ce changement de position sur la question du Sahara n’était pas uniquement motivé par une prise de conscience de l’inutilité d’une solution militaire. Il résultait d’une interaction complexe entre des pressions internes et des développements régionaux et internationaux, poussant la nouvelle direction algérienne à reconsidérer la stratégie de confrontation héritée de Boumediene.

Dans son analyse de la nouvelle position algérienne, la CIA a déclaré : «Il y a un consensus général au sein du parti (FLN) que le gouvernement algérien est prêt à utiliser toute son influence pour pousser le Polisario à accepter un cessez-le-feu.»

Cette influence inclut, selon le document, «la réduction du soutien militaire d’une part, et la garantie de la poursuite du soutien politique et économique algérien d’autre part. Il y a un accord au sein du parti que l’indépendance du Sahara occidental en tant qu’entité territoriale est un élément fondamental de tout règlement, mais la taille de cette entité reste négociable».

Revers diplomatiques et sur le terrain

Le changement de position de l’Algérie était également dû à des réalités changeantes sur le terrain, alors que la diplomatie marocaine commençait à obtenir des avancées significatives. Un autre document de la CIA daté du 1er avril 1983 indique que le roi Hassan II a pu faire basculer l’équilibre des forces en défaveur du Front Polisario et de l’Algérie.

Le document expliquait que l’attaque du Polisario contre les forces marocaines à Guelta Zemmour en octobre 1981 avait considérablement renforcé le soutien américain aux Marocains. «L’acceptation de l’‘État’ des rebelles au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine, initialement perçue par le Polisario comme une victoire diplomatique, a coûté cher au front en termes de soutien international en raison de l’impact hautement perturbateur de cette tactique sur l’organisation.»

«Le Front Polisario a perdu l’initiative sur le champ de bataille et pourrait ne pas être en mesure de lancer une campagne réussie qui saperait la détermination du Maroc à défendre sa revendication sur le Sahara.»

Document CIA

À l’époque, plusieurs pays ont commencé à adopter des approches moins agressives pour soutenir le Polisario. Cela s’est même reflété au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine, où l’Algérie a commencé à rencontrer des difficultés, l’organisation ayant été son arène diplomatique préférée.

Sur le terrain, la construction par le Maroc du mur de sable a imposé une nouvelle réalité. Le document indiquait que le mur de sable marocain, en construction depuis 1980, et d’autres améliorations dans les défenses marocaines «rendraient les attaques par de petites unités moins efficaces qu’elles ne l’avaient été auparavant».

Dans le même contexte, un autre document de la CIA publié le 16 août 1985 relatait : «Les experts militaires occidentaux affirment, pour la première fois, que le mur renverse le cours de la guerre contre le Front Polisario en faveur du Maroc.» En effet, ce Mur de Sables «a attiré l’attention des experts militaires américains et soviétiques comme l’une des rares applications réussies de la technologie contre les mouvements de guérilla».

Conflit avec les militaires

Le désir de Bendjedid de réduire le soutien au Polisario a engendré des tensions internes. Un autre document de la CIA publié le 1er avril 1985 confirmait que le président algérien «a modifié la politique de l’Algérie sur le Sahara occidental au cours de l’année passée, passant d’une position exigeant l’indépendance totale à une position impliquant une autonomie pour la région sous souveraineté marocaine, dans le cadre d’un effort pour encourager la coopération régionale», ce qui a conduit à un conflit avec les militaires.

Adopter une approche plus réaliste n’a pas été facile pour Chadli. L’affrontement avec les factions dures au sein de l’armée, qui voyaient tout retrait du soutien au Polisario comme une trahison de l’héritage de Boumediene, a rendu sa position précaire. L’establishment militaire, qui avait toujours joué un rôle pivot dans la prise de décision en Algérie, n’était pas prêt à déléguer un dossier central pour son projet géopolitique.

«Certains groupes au sein de l’armée algérienne et l’aile idéologique du Front de Libération Nationale s’opposeront à toute tentative de Bendjedid de rompre les liens avec le Front Polisario.»

Document CIA

Un autre document publié le 28 août 1985 confirmait que le président algérien «est sous pression de la part des hauts dirigeants militaires pour prendre des mesures plus fermes contre le Maroc, car ils sont préoccupés par le refus de Bendjedid d’empêcher Rabat de compléter un vaste réseau de murs défensifs au Sahara occidental».

Les officiers plus à gauche «sont mécontents de la cour que Bendjedid fait aux États-Unis et à l’Occident, notamment en raison du soutien militaire américain et français continu au Maroc. Ces officiers veulent fournir plus d’armes aux combattants du Polisario et les pousser à s’engager de manière plus agressive dans la guerre avec le Maroc».

Le 11 janvier 1992, Chadli Bendjedid a annoncé sa démission, un geste encore entouré de mystère. Certains le perçoivent comme une démission forcée par les généraux. Ce qui est certain, c’est que la démission de Bendjedid a marqué un tournant décisif, non seulement dans le conflit du Sahara, mais aussi dans l’histoire politique contemporaine de l’Algérie. Elle a révélé la structure profonde du régime, montrant que la véritable prise de décision souveraine est toujours restée entre les mains des militaires, et non du pouvoir civil.





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