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Casablanca, Tian’anmen et «Kundun» de Martin Scorsese


La ruée des grands réalisateurs et figures de proue du cinéma international vers le Maroc ne date certainement pas d’aujourd’hui. Le 13 décembre 1996, le réalisateur, scénariste et producteur américain Martin Scorsese choisissait le Maroc pour y tourner plusieurs scènes de son film «Kundun». Un long-métrage qui retrace la jeunesse du 14ème Dalaï Lama, de sa naissance dans une famille paysanne jusqu’à son exil en Inde en 1959. Il s’agit aussi d’un film où histoires politiques et cinématographiques s’entremêlent, dont la majeure partie avait été réalisée dans les Studios Atlas à Ouarzazate.

Des fonctionnaires de l’ambassade chinoise sur les lieux du tournage

Sur ordre du réalisateur américain, le Ksar Ait Ben Haddou, ainsi que plusieurs zones de la région de Ouarzazate, ont alors été transformées dès novembre 1996 pour représenter le Tibet. Ayant visité le Maroc pour son autre film «La Dernière tentation du Christ» (1988) quelques années auparavant, Martin Scorsese a également opté pour Casablanca pour le tournage de certaines scènes. La ville blanche s’est alors muée en véritable capitale chinoise. «Le 13 décembre, la place de la Wilaya de Casablanca a ainsi été transformée en place Tian’anmen. Les façades des bâtiments de la Wilaya (préfecture) ont été à cette occasion ornées d’inscriptions chinoises et de portraits de Mao Zedong», indiquait une dépêche de l’AFP datant du jour même.

La place de la Wilaya de Casablanca. /Capture d'écran YouTubeLa place de la Wilaya de Casablanca. /Capture d’écran YouTube

Le tournage n’est pas passé inaperçu auprès des autorités chinoises au Maroc, lesquelles n’ont guère apprécié que le Tibet fasse l’objet d’un film. Que s’est-il réellement passé ? Sur le lieu du tournage, au niveau de l’ancien aéroport de la capitale économique, un membre de l’équipe maîtrisant le chinois s’est aperçu que des responsables de l’ambassade chinoise à Rabat étaient présents. Ceux-ci se demandaient si les acteurs du film étaient Chinois, Tibétains ou Marocains. «Heureusement, cela s’est passé lors de notre dernier jour à Casablanca», a confié Martin Scorsese lui-même au magazine American Cinematographer.

L’équipe a ensuite exhorté les représentants chinois à quitter les lieux. Leur présence éventée, les acteurs ont été particulièrement mal à l’aise. «Nous craignions qu’ils prennent des photos des Tibétains pour les utiliser contre leurs familles. Ils sont restés là pendant peut-être 45 minutes avant de se rendre compte de leur présence, c’était très désagréable», regrettait le réalisateur.

Martin Scorsese lors du tournage du film. /imdbMartin Scorsese lors du tournage du film. /imdb

Plusieurs tentatives du gouvernement chinois pour empêcher la sortie du film

Loin de décourager les autorités chinoises, celles-ci ont redoublé d’efforts pour intimider l’équipe de Martin Scorsese. Quelques jours plus tôt, des nouvelles annonçaient que le gouvernement chinois se plaignait de la participation de la Walt Disney Company dans la production du long-métrage, racontant «la vie du Dalaï Lama qui a appelé à l’indépendance du Tibet de la Chine. Nous sommes résolument opposés à la réalisation de ce film, destiné à glorifier le Dalaï Lama et qui constitue une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine», affirmait une source du gouvernement chinois le 22 novembre 1996, selon le New York Times. Fort heureusement, la Chine n’a finalement pas réussi à interdire le film, porté sur les écrans l’année suivante.

Martin Scorsese lors du tournage de «Kundun». /imdb Martin Scorsese lors du tournage de «Kundun». /imdb

L’histoire de «Kundun» commence en 1937, lorsqu’un garçon de 2 ans est identifié comme étant la 14e réincarnation du Dalaï Lama, le chef spirituel et politique du Tibet. En 1950, la Chine, alors dirigée par Mao Zedong, décide d’envahir le Tibet. Une situation face à laquelle le pays décide à son tour d’introniser officiellement le Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, alors âgé d’à peine 15 ans. Dans un premier temps, les Tibétains pensaient que les Chinois seraient favorables à cette intronisation, mais en 1954, lorsque le Dalaï Lama effectue une visite officielle à Pékin, la cloche sonne bien autrement. «La religion est un poison», lui dira Mao Zedong.

Malgré l’occupation chinoise, le Dalaï Lama et son gouvernement tibétain refusent de faire des concessions. Sa résidence d’été est même bombardée par la Chine, ce qui contraint ce dernier à quitter le pays en 1959 et de s’installer à Dharamsala, en Inde, où il vit toujours à la tête d’un gouvernement en exil.

Sur les idées politiques et les messages du film, basé sur des interviews réalisées avec le 14e Dalaï Lama, Martin Scorsese a déclaré «[croire] que les Chinois devraient au moins entamer un dialogue. Dans le cas du Tibet, la culture et la religion sont une seule et même chose».





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