Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a affirmé sa volonté d’interdire le voile à l’université, dans le contexte de la polémique sur cette interdiction dans le sport et dans les établissements scolaires. Invité de l’émission «Les Grandes gueules», jeudi sur RMC, il a répondu par l’affirmative à une question dans ce sens. «Je le souhaite, parce que je vois bien qu’il y a un islamisme qui ne correspond pas du tout à la foi musulmane classique. Il y a un islamisme qui essaye d’implanter son étendard, ses propres valeurs, qui sont pour moi celles de l’infériorisation du statut de la femme par rapport à l’homme et il faut s’en méfier», a-t-il déclaré.
Nuançant son propos, Retailleau a par ailleurs indiqué qu’il fallait «être aussi prudent». «Je le sens bien comme ministre de l’Intérieur et des cultes. Lorsqu’on dit cela, je ne veux pas que les compatriotes musulmans se sentent visés. Je pense qu’au contraire, c’est ce qu’il faut expliquer avec beaucoup de pédagogie, en disant que l’islamisme politique, en réalité, défigure la foi de ces fidèles musulmans. On a intérêt à séparer les choses», a-t-il déclaré.
Ces déclarations récentes font écho à la position affichée par Bruno Retailleau, depuis au moins janvier dernier. Dans le temps, ministre de l’Intérieur s’est déjà prononcé auprès du journal Le Parisien en faveur l’interdiction du voile lors des sorties scolaires et à l’université. Mais pour sa part, le gouvernement avait assuré ne pas reprendre la mesure évoquée. Selon la porte-parole, Sophie Primas, il s’agirait d’une «position personnelle».
Philippe Baptiste, ministre auprès d’Élisabeth Borne chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche, avait alors réagi en assurant que «si les enseignants et l’administration restent tenus aux principes de neutralité, les étudiants ont le droit d’exprimer leurs convictions personnelles, y compris religieuses, dans le respect évident des principes de la République».
Dans les écoles du secondaire, le port du voile est interdit depuis la loi de 2004, tandis que les signes religieux restent autorisés pour les étudiants dans les universités. Pour autant, le port du voile intégral reste proscrit. Bruno Retailleau se dit «favorable» à l’extension de l’interdiction à ce dernier cadre.
Précédemment, une jurisprudence du Conseil d’État a pour sa part considéré que le port du voile par des accompagnatrices de sorties scolaires ne contrevenait pas au principe de laïcité.