Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, souhaite interdire le port du voile à l’université, lors des compétitions sportives, mais aussi pour les accompagnatrices de sorties scolaires, considérant ces activités comme une «école hors les murs» et estimant qu’il faut faire preuve «d’intransigeance» sur la laïcité. Toutefois, en vertu d’un avis de 2013 du Conseil d’État, les parents accompagnateurs ne sont pas soumis à l’obligation de neutralité religieuse.
La laïcité, qui est un principe fondamental de notre pays, doit être protégée. Le port du voile doit être interdit à l’université et lors des sorties scolaires. pic.twitter.com/yiHNIOm9TR
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) January 7, 2025
La juridiction administrative qualifie ces parents d’«usagers» du service public, contrairement aux agents ou collaborateurs, seuls concernés par cette exigence. Les mères voilées restent donc libres de porter des signes religieux visibles lors des sorties scolaires, sauf avis contraire du chef d’établissement, qui peut recommander la neutralité pour garantir le bon fonctionnement de l’école. Une circulaire de 2012, signée par Luc Chatel, interdisait pourtant le port du voile aux accompagnatrices, mais cette position a évolué avec les ministres qui lui ont succédé, notamment Najat Vallaud-Belkacem, qui prônait une acceptation générale de ces mères voilées.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la position reste inchangée. Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation, considérait qu’une interdiction poserait des problèmes pratiques, tandis que le chef de l’État rappelait que «la société n’est pas laïque» et autorise le port du voile hors de l’école. En 2021, un amendement sénatorial visant à interdire les signes religieux ostentatoires pour les accompagnateurs a été rejeté par l’Assemblée nationale. Bruno Retailleau lui-même admet aujourd’hui qu’une telle mesure n’a pas de majorité parlementaire et risquerait de se heurter au Conseil constitutionnel, qui pourrait s’appuyer sur l’avis du Conseil d’État.