Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) en France, Olivier Faure, a reproché au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de créer un «climat de suspicion», en banalisant le «racisme d’atmosphère» à l’égard «des étrangers ou des Français perçus comme tels», y compris en assimilant les musulmans du pays aux Frères musulmans. Intervenant hier sur TF1, le député a dénoncé un «crime raciste», après le meurtre d’un ressortissant tunisien, samedi dans le Var.
Le meurtre a été fermement dénoncé par Retailleau, qui souligne que «chaque crime raciste est un crime anti-français», certes. Mais Olivier Faure estime que ministre «participe dans le débat public avec ceux qui, à l’extrême droite, cherchent à banaliser le racisme, à expliquer qu’il y a une forme de menace qui serait créée par nos concitoyens d’origine étrangère».
L’élu socialiste reproche notamment à Retailleau de «laisser perdurer» ce climat et de «laisser penser que ce n’est pas une pensée absurde». La question est remise en avant dans un contexte déjà marqué par un premier attentat islamophobe, qui a coûté la vie à Aboubakar Cissé, le 25 avril dernier, puis la sortie d’un rapport sur «l’entrisme» islamiste en France, défendu bec et ongles par le ministre de l’Intérieur.
« Il y a un climat qui est entretenu par un certain nombre de ministres qui cherchent à assimiler nos concitoyens musulmans aux Frères musulmans par exemple, et qui laissent penser qu’il y a aujourd’hui une menace liée à la confession », @faureolivier dans #BonjourLaMatinaleTF1 pic.twitter.com/QYRztBKesn
— TF1Info (@TF1Info) June 3, 2025
Lundi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) en France s’est saisi de l’enquête de ce nouveau meurtre, après que le corps de la victime, âgée de 46 ans, a été retrouvé à Puget-sur-Argens criblé de cinq impacts de balles. Au moment des faits, un ressortissant turc a été blessé. Quant au mis en cause, il a publié sur ses réseaux sociaux deux vidéos au contenu «raciste et haineux», peu avant son arrestation, selon le procureur de Draguignan.
Lors des questions au gouvernement, ce mardi à l’Assemblée nationale, Bruno Retailleau a été critiqué une nouvelle fois par l’opposition. Députée de La France insoumise (LFI) dans l’Essone, Farida Amrani a insisté sur le fait que «l’extrême droite tue», tout comme «le climat politique, raciste et islamophobe». «Vous portez les idées de l’extrême droite, vous ne faites plus qu’un. De Bruno Retailleau à Manuel Valls (…) votre gouvernement n’a qu’une seule mission, diviser, stigmatiser et armer l’extrême droite», a-t-elle ajouté, en s’adressant au Premier ministre.
Bruno Retailleau s’est défendu, arguant que «ce qui s’est produit dans le Var est trop grave pour jeter des accusations sur quiconque».