Brahim Ghali prépare à sa manière le prochain congrès du Polisario. Tout en jouant la montre, il balise le terrain pour sa propre succession. Il vient d’éloigner des camps de Tindouf Ibrahim Ahmed Mahmoud Biadillah, une figure qui pourrait lui faire de l’ombre lors du conclave à venir, en le nommant «ambassadeur» à Cuba.
«C’est un exil de luxe pour ce Sahraoui qui bénéficie de la confiance d’une partie de la jeunesse des camps de Tindouf et des grandes tribus, mais pas de l’Algérie», a confié à Yabiladi un ancien membre du Front, désormais rentré au Maroc, sous couvert d’anonymat.
Ibrahim Ahmed Mahmoud, alias Grigao, n’est autre que le frère de Mohamed Cheikh Biadillah, ancien secrétaire général du PAM et ex-président de la Chambre des conseillers au Maroc. Il avait déjà été évincé par Brahim Ghali des postes clés des renseignements et de la coordination des milices armées du Polisario.
Face à ces mises à l’écart, Grigao avait réagi par une série de critiques contre la «guerre» initiée le 13 décembre 2020 par le chef du Polisario contre le Maroc. Il avait mis en garde, dans un article publié en juin 2022, contre l’expansion des Forces armées royales dans les «territoires libérés», une zone qu’il craignait de voir devenir «un prolongement du Mur des Sables» des FAR.
Avec le départ de «Grigao» vers Cuba, il ne reste que Bachir Mustapha Sayed, le frère du fondateur du Polisario, pour jouer, comme en janvier 2023, le rôle d’adversaire de Brahim Ghali lors du prochain congrès.