Face à ce qu’elles considèrent comme un « tsunami d’intoxications alimentaires », ces associations tirent la sonnette d’alarme. Elles mettent en doute l’efficacité des mesures récemment annoncées par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, pour réduire les cas d’intoxication alimentaire, dont la création de 130 bureaux communaux de contrôle sanitaire pour un budget d’environ 1,040 milliard de dirhams. Ces bureaux devraient être accompagnés par 260 médecins, 130 vétérinaires, 260 infirmiers et 260 techniciens en santé publique.
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« Ces bureaux ne sont pas équipés pour contrôler la sécurité des repas proposés dans les établissements alimentaires, car ils impliquent des intervenants dont la formation n’a aucun lien avec ce type de contrôle », font-ils observer. En lieu et place de ces bureaux, les ONG appellent plutôt à la création « d’une institution indépendante dédiée à cette tâche » et à « un renforcement des exigences des collectivités locales concernant l’obtention d’un diplôme pour travailler dans le secteur » de la restauration. « Le nombre de ces cas pourrait doubler à l’avenir, car les mesures prises par le gouvernement pour les limiter ne sont ni efficaces ni adaptées », affirme Bouazza Kharrati, président de l’Union marocaine des droits des consommateurs.
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Dans une déclaration à Hespress, Kharrati a expliqué que « maintenir ce contrôle réparti entre différentes entités, notamment l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), le ministère de l’Intérieur, les collectivités locales, le ministère de l’Agriculture, ainsi que le ministère de la Santé et de la protection sociale, alors qu’il relève légalement des compétences de l’ONSSA, rend ces efforts inefficaces et nécessite une révision profonde ». Pour l’expert, les contrôles ne devraient pas se limiter seulement « aux points de vente de nourriture et de repas, car cela ne sert à rien. Les inspections doivent couvrir toute la chaîne, du champ à l’assiette », a-t-il soutenu, avant de s’interroger : « Se contenter de contrôles dans les établissements garantit-il la sécurité des viandes ou des produits alimentaires utilisés ? »
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« Si une surveillance stricte et efficace était exercée sur les restaurants et les établissements de restauration rapide, et si des sanctions sévères étaient appliquées à ceux qui enfreignent les normes de sécurité sanitaire, il n’y aurait pas une telle augmentation continue des cas d’intoxication dans la plupart des villes marocaines », a estimé pour sa part Wadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), déplorant « le grand laxisme » que connait ce secteur au Maroc. « Aujourd’hui, n’importe qui peut se lancer dans la vente de plats rapides et légers, sans avoir la moindre connaissance des dispositions légales en vigueur ni des normes de qualité et de sécurité sanitaire à respecter, notamment en matière d’hygiène ».