L’arrestation d’Othman El Ballouti a été confirmée par les autorités de Dubaï, où le ressortissant belge d’origine marocaine est tombé dans un coup de filet destiné à mettre fin à sa fuite. Selon un communiqué du commandement général de la police, l’homme le plus recherché de Belgique fait l’objet d’une notice rouge, visé par un mandat d’arrêt international, fiché par Interpol et par Europol, pour ses liens avec le crime organisé transnational et le trafic de drogue.
La police de Dubaï a déclaré que les équipes de la Direction générale des enquêtes criminelles, en coordination avec le ministère de l’Intérieur, ont appréhendé Othman El Ballouti après avoir été notifiées d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités belges. Il a été déféré devant le procureur, en attendant l’achèvement des procédures en vue de son extradition vers la Belgique.
Cette annonce confirme les premières révélations médiatiques dans le Plat Pays, où l’arrestation du mis en cause a été rapportée depuis la semaine dernière.
Ascension et chute du baron d’Anvers
Selon l’agence de presse Belga, Othman El Ballouti s’est lancé dans les activités criminelles à travers le port d’Anvers, plaque tournante du trafic de drogue en Europe. Originaire d’Al Hoceïma, il est d’abord passeur de petite envergure, puis il gravit les échelons pour devenir un éminent baron, surnommé le «roi de la cocaïne».
Ayant grandi dans le quartier de Borgerhout (Anvers), Othman El Ballouti a été l’un des premiers criminels de la région à accepter des paiements en cocaïne plutôt qu’en argent liquide. C’est ce qui lui a permis de fonder son propre gang et de se lier aux principaux réseaux criminels, comme la Mocro Maffia néerlandaise. Contre 1,5 million d’euros, il aurait récemment vendu un appartement situé à Dubaï à Alejandro Salgado Vega, dit «El Tigre», trafiquant notoire de cocaïne en Espagne.
En 2016, les autorités belges ont arrêté El Ballouti une première fois, à l’aéroport de Bruxelles. Il a été épinglé à ce moment-là pour avoir fait don de 115 000 euros provenant de fonds illicites, versés à une école islamique d’Anvers. Il s’est installé ensuite à Dubaï, profitant de sa liberté conditionnelle et de l’absence de traité d’extradition entre sont pays de résidence et les Emirats arabes unis, à l’époque.
Une des plus riches familles du milieu criminel à Anvers
Othman El Ballouti est d’ailleurs issu d’une famille considéré comme l’une des plus riches du milieu criminel d’Anvers, selon le maire de la ville, cité par La Libre. Une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a précédemment estimé la fortune du baron à 100 millions d’euros, dont 8 millions de biens immobiliers à Dubaï.
La famille a également été confrontée à de violentes rivalités. Frère cadet d’Othman, Younes «El Magico» a été enlevé par un gang rival contre rançon. L’année dernière, la nièce, âgée de 11 ans, a été tuée à Anvers dans le cadre d’un règlement de comptes.
Au de-là de la Belgique, Othman El Ballouti a été surveillé de près par les Etats-Unis. En 2023, il a été sanctionné par le Trésor américain pour mise en circulation de la cocaïne au pays de l’Oncle Sam. En septembre dernier, il a été condamné par contumace à sept ans de prison par la justice belge. Désormais, il fait face à un nouveau procès pour trafic de drogue, le parquet ayant requis une peine de 20 ans de prison.
Selon une source judiciaire citée par l’AFP, l’homme est visé par plusieurs demandes d’extradition, qui devront être examinées.
