L’économie est la nouvelle arme du Maroc pour asseoir sa souveraineté sur le Sahara, constate le World Press Review (WPR) dans un article. «Rabat a tiré le meilleur parti de la déclaration de Trump de 2020 en intensifiant son offensive diplomatique pour obtenir du soutien, tout en déplaçant le discours de l’angle sécuritaire, qui avait longtemps dominé les débats sur le Sahara occidental, vers un accent mis sur le développement économique», explique le magazine américain.
La reconnaissance par Donald Trump de la marocanité du Sahara, le 10 décembre 2020, a incité le royaume «à reformuler sa position en faveur de la souveraineté sur le Sahara occidental comme une position fondée sur le développement économique, soulignant son engagement à construire des infrastructures majeures qui attirent davantage d’investissements étrangers et de commerce mondial dans la région», note la même source.
Pour rappel, le roi Mohammed VI avait présidé, le 7 novembre 2015 à Laâyoune, à l’occasion du 40e anniversaire de la Marche verte, la cérémonie de lancement du Nouveau modèle de développement de la province, doté de 77 milliards de dirhams.
La France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni adhèrent à cette stratégie
Ce changement stratégique a «joué un rôle essentiel dans la campagne de la solution de l’autonomie proposé par le Maroc», a affirmé dans des déclarations au WPR Mohammed Loulichki, ancien représentant du royaume aux Nations unis, aujourd’hui chercheur principal au Policy Center for the New South. Le diplomate a notamment cité le projet de développement du port atlantique de Dakhla comme l’une des initiatives d’infrastructure qui «renforcent concrètement la souveraineté [du Maroc] et projettent une vision de stabilité, de connectivité et d’intégration économique».
Cette stratégie d’intégration économique a séduit des puissances mondiales. «L’approbation par le Royaume-Uni du plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental en juin n’était pas seulement un changement diplomatique, mais s’inscrit dans une stratégie économique visant à approfondir les liens commerciaux avec le Maroc et à élargir les marchés pour les entreprises britanniques», précise le WPR.
La France est également sur la même ligne. Dans sa lettre adressée le 30 janvier 2024 au roi Mohammed VI, le président Emmanuel Macron avait qualifié le développement économique et social du Sahara occidental d’«impératif». Il avait promis que «la France accompagnera le Maroc dans cette démarche au bénéfice des populations locales», rappelle le média. Cette dynamique est appelée à s’accélérer dans les mois à venir, notamment après la décision de l’administration Trump de financer les projets de sociétés américaines dans la région.
Cette volonté d’«accompagner» le royaume dans le développement de la région fait face à l’opposition du Polisario et de ses relais associatifs, basés en Belgique, France ou à Londres. Des ONG qui menacent d’ester en justice les sociétés européennes qui investissent au Sahara. De son côté, le Polisario promet de commettre des attentats terroristes contre les entreprises étrangères qui s’installent dans la province.
Jusqu’à présent, cette mobilisation n’a pas eu l’effet escompté, comme en témoigne l’ouverture de groupes industriels internationaux de leurs bureaux à Laâyoune ou à Dakhla.