Dramaturge et juriste, Saïd Ben Ali a vu le jour à Bruxelles, en 1972. De parents originaire de la ville d’El Jebha, il grandit en Belgique à l’espoir de retourner au Maroc et de lancer des projets touristiques. Il cherche également à présenter ses pièces de théâtre dans la mère patrie.
Saïd travaille depuis trois décennies comme fonctionnaire en Belgique. Père de trois enfants, il a développé un attachement particulier à la lecture et à l’écriture, dès son plus jeune âge. C’est ainsi qu’il y a dix ans, il a souhaité faire de sa passion une profession. «Au début, j’écrivais des nouvelles, puis je suis passé au roman, ensuite à la dramaturgie. Je m’y suis retrouvé plus qu’ailleurs», a-t-il confié à Yabiladi.
Son amour pour le monde du livre et de la culture l’a également poussé à créer une maison d’édition. Depuis deux ans, «Les nouvelles éditions belges» sont «à la disposition des auteurs de romans et de nouvelles en Belgique».
A l’origine de son attachement pour la littérature, Saïd a été influencé par son professeur de lycée, qui présentait les œuvres classiques d’une manière attrayante. «J’ai toujours eu cette envie, ce besoin d’écrire qui s’est accru avec temps», nous dit-il.
Ecrire pour faire le deuil
Le décès de sa mère a eu un grand impact sur la suite de vie. «J’avais besoin de décompresser, de parler de moi et de me comprendre. J’ai commencé à partager mes écrits, il y a une dizaine d’années, en créant mon compte Facebook. J’ai écrit quelques vers poétiques pour m’exprimer. On cache toujours des choses derrière les mots, donc ce qu’on écrit ne veut pas forcément dire qu’on s’exprime entièrement, mais c’est là que les choses ont commencé», nous confie l’auteur.
Et d’ajouter : «J’ai vu que mes écrits faisaient réagir les internautes. A partir de là, certains textes ont été transformés en un recueil de nouvelles, intitulé «Histoires d’ici et d’ailleurs». Mais elles ne sont pas disponibles actuellement et doivent être republié.»
«Après cela, j’ai écrit mon premier roman. J’avais besoin de parler du décès de ma mère, partie trop tôt pour ses enfants, je pense. Donc, j’ai écrit son histoire, mais c’est elle qui la raconte. Je ne voulais pas écrire une biographie avec mes propres mots. J’ai plutôt essayé de mettre en avant sa personnalité qu’elle parle elle-même son vécu. Ainsi est né un roman ‘Mes tendres derniers jours’.»
Saïd Ben Ali
Ainsi a commencé l’aventure de l’écriture romanesque. Saïd publie un deuxième ouvrage, «Psy», un roman fantastique. Il s’est lancé ensuite dans l’écriture pour le théâtre, notamment avec la pièce «Don Jamel». «J’ai écrit ce texte il y a environ cinq ans, mais elle est restée longtemps dans les tiroirs, faute de financement et d’une équipe avec qui je pourrais travailler. Un soutien financier m’a finalement aidé à terminer le projet, à former une équipe et à assurer les répétitions», s’est-il félicité.
Selon lui, «il ne s’agit pas seulement d’écrire une pièce, mais aussi d’être un chef de projet, de pouvoir trouver le soutien financier nécessaire, ce qui prend beaucoup de temps, surtout lorsqu’on n’est pas issu du milieu artistique». Aujourd’hui, il apprend «progressivement les différents aspects du métier».
Du roman à l’écriture pour le théâtre
La pièce «Don Jamel» est une allégorie au Don Juan contemporain. «J’ai utilisé un peu le style Don Juan, mais je voulais me rapprocher de la réalité, notamment de la réalité bruxelloise, donc on connaît «Don Jamel» mais nous ne connaissons pas exactement ses origines. Son nom peut être évocateur. Mais dans la pièce, paraît que son grand-père est flamand. J’ai essayé de créer un personnage qui soit un mélange de plusieurs cultures. C’est une personne arrogante par nature, et en fait, c’est une sorte de Don Juan, c’est-à-dire qu’il souffre d’un vide intérieur, à mon avis, qu’il essaie de combler en attirant l’attention», nous explique l’auteur.
Etant toujours en proie à la tentation, le protagoniste «a toujours besoin de remporter de nouvelles ‘victoires’. «Il puise sa satisfaction dans sa capacité à séduire les femmes. Mais il ne se sent heureux que pour un instant, puis il veut passer à autre chose, quand le sentiment de vide se réinstalle».
Ce projet artistique inclut des comédiens issus de différents milieux culturels, avec des parcours artistiques divers, entre professionnels et amateurs. «Je vois que ce sont les amateurs qui sont les passionnés par ce qu’ils font. Il est donc important pour moi de les avoir à mes côtés. Grâce à leur diversité, nous sommes capables de créer quelque chose de formidable que le public ressent», souligne le dramaturge.
Bien que la pièce parle de la réalité bruxelloise, selon Saïd Ben Ali, elle peut être montrée dans d’autres grandes villes, puisqu’«elle représente la réalité de nombreux milieux urbains multiculturels à travers le monde». Il est désormais l’auteur d’autres œuvres théâtrales, dont «Guantanamo», «Sororité», «Has-been», «La vie est une boîte de chocolats, il ne faut pas laisser les autres vous la bouffer» et «Speed-dating».
A travers ses pièces, Saïd Ben Ali tente d’aborder plusieurs sujets de manière simple et amusante, pour créer le débat. «Après le spectacle, les interactions se créent, certains aiment une partie du spectacle plus que l’autre… Le but est de stimuler l’échange sur tous les sujets, même ceux qui pourraient être embarrassants», explique-t-il à notre rédaction.
Saeïd Ben Ali espère présenter ses pièces dans son pays d’origine, le Maroc. A cet effet, il essaye de développer son réseau professionnel dans le milieu artistique national. «Le Maroc est ma patrie et la terre de mes parents. Je m’y rends régulièrement. Je réfléchis également à lancer des projets dans le secteur touristique là-bas et à y retourner vivre, prochainement», nous confie-t-il.