Aligné sur les réactions du Parti communiste français (PCF) et Europe écologie les verts après la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Saraha par Paris, le Parti socialiste (PS) a condamné ce qu’il a qualifié de «tournant diplomatique précipité et sans concertation avec le Parlement». Dans un communiqué publié ce jeudi, la formation de gauche a dit avec prudence être «attachée à l’amitié franco-marocaine», mais avec une «inquiétude quant aux conséquences» de ce revirement.
Tout en appelant à une «diplomatie fondée sur l’apaisement et le dialogue», le PS estime qu’«aucune urgence ne justifiait une telle annonce au cœur de l’été, à un moment où le gouvernement démissionnaire est censé gérer les affaires courantes». Selon les socialistes français, «le président joue un coup de communication sans vision politique qui s’inscrive dans le temps long».
Au lendemain de cette reconnaissance, le roi Mohammed VI a donné suite au message du président Emmanuel Macron, en invitant ce dernier à se rendre prochainement au Maroc. L’initiative déplaît également au sein du camp socialiste, selon qui «la diplomatie française ne peut être conditionnée par la visite d’Etat prochaine» à Rabat.
Le PS soutien le plan d’autonomie depuis 2010
La réaction du PS ne fait cependant pas l’unanimité au sein de ses rangs. Le vocabulaire employé dans le communiqué reflète le malaise chez les socialistes. Alors que le président Macron a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le texte du parti de la Rose évoque sa «décision de reconnaître le plan d’autonomie au Sahara occidental». Or, la France soutien le plan d’autonomie marocain depuis 2007, comme une solution sérieuse et crédible pour résoudre le conflit.
Certains membres ont désavoué la sortie de leur parti, considérant sa non-conformité au positionnement de la formation. En 2010, le bureau national du PS a voté une résolution en faveur du plan d’autonomie du Sahara, sous souveraineté marocaine.
Sous le mandat de Martine Aubry, alors première secrétaire du PS, cette position a été soutenue à l’occasion de la campagne de l’actuelle maire de Lille à l’élection présidentielle. «Nous avons toujours appuyé l’initiative marocaine d’autonomie et nous continuerons à le faire si on est au pouvoir», a-t-elle déclaré en mars 2012, lors d’une visite au royaume. A ce moment-là, le PS a estimé que la proposition marocaine constituait «la solution la plus réaliste» auprès des Nations unies.
Depuis, la question divise au sein des tendances de gauche. De son côté, la France Insoumise (LFI) observe le silence. Elu de la neuvième circonscription des Français établis à l’étranger, Karim Ben Cheikh (Génération-s) a quant à lui salué la position de son pays, en qualifiant cette évolution de «clarification» apportée par Emmanuel Macron sur le dossier.