Le débat général sur le point 4 du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, consacré aux violations des droits humains à travers le monde, s’est ouvert ce jeudi après-midi à Genève. Plusieurs organisations non gouvernementales ont pris la parole pour dénoncer la situation préoccupante dans les camps de Tindouf, en Algérie, où les réfugiés sahraouis vivent sous le contrôle du Front Polisario, sans supervision adéquate ni reconnaissance officielle de leur statut.
Le premier intervenant, El Filali Hammadi, représentant du Réseau Unité pour le Développement de Mauritanie, a vivement dénoncé l’absence de contrôle sur les camps de Tindouf, qualifiant la situation de “vide juridique et administratif” exposant les réfugiés à de graves violations des droits humains.
Il a rappelé que l’Algérie “a cédé la gestion des camps à un groupe armé, le Polisario, sans surveillance efficace”, entraînant “des détentions arbitraires et des exécutions extrajudiciaires”. Il a notamment cité un cas survenu en octobre 2020, où deux Sahraouis ont été brûlés vifs par des soldats algériens alors qu’ils creusaient un puits.
Sur le plan humanitaire, 88 % des réfugiés sahraouis souffrent de la faim ou sont en situation de précarité alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial. 28 % des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance, tandis que l’accès à l’eau potable reste extrêmement limité. Hammadi a également souligné le détournement de l’aide humanitaire, empêchant les denrées de parvenir aux populations les plus vulnérables.
Une oppression systématique dénoncée
Prenant la parole à son tour, Rabab Eddah, représentante de l’ONG Promotion du Développement Économique et Social (PDES), a mis en lumière les restrictions sévères à la liberté d’expression imposées par le Polisario.
Elle a affirmé que “toute opposition est systématiquement réprimée”, avec une interdiction des partis politiques et une persécution constante des militants, journalistes et blogueurs. Selon elle, la direction du Polisario applique des “méthodes oppressives” et n’hésite pas à qualifier de traîtres ceux qui osent remettre en question ses décisions.
Eddah a également insisté sur la responsabilité de l’Algérie, qui refuse de reconnaître le statut de réfugié aux Sahraouis des camps de Tindouf, les privant ainsi de leurs droits civils, politiques et sociaux, en violation de la Convention de 1951 sur les réfugiés.
Un appel pour une solution politique
Enfin, Saadani Maolaynin, représentant l’ONG OCAPROCE International, a élargi le débat en insistant sur les atteintes à la liberté d’expression dans les camps de Tindouf.
Elle a dénoncé “50 ans d’impunité, d’injustice et de répression”, soulignant que les Sahraouis y “vivent sous un seul dogme imposé par les dirigeants du Polisario”, sans possibilité de penser différemment sous peine de “harcèlement, torture ou emprisonnement”.
Dans ce contexte, Maolaynin a plaidé pour une solution pacifique et durable, soutenant que l’autonomie proposée par le Maroc représenterait “une alternative juste garantissant les droits fondamentaux et une vie digne à cette population vulnérable”.
Ces prises de parole convergent vers un même constat : les camps de Tindouf échappent à tout contrôle, et l’Algérie doit être tenue responsable des violations des droits humains qui y sont commises sur son territoire. Les ONG appellent la communauté internationale à exiger des comptes, à garantir la transparence dans la gestion de l’aide humanitaire et à œuvrer pour une solution politique qui permette aux Sahraouis d’accéder enfin à leurs droits et à la dignité.