La Comité national olympique marocain (CNOM) a dévoilé, cette semaine, la tenue des athlètes nationaux pour la cérémonie d’ouverture des JO 2024 de Paris, le 26 juillet sur la Seine. Veste beige à étoile verte élancée, pantalon rouge, boutons dorés, rappels des couleurs dans les détails… Le designer Ali Drissi a veillé au détail près pour façonner un habit symbolisant la nation, tout en s’ancrant dans un esprit universel qui se retrouve dans la philosophie des Jeux olympiques.
Ce modèle a été sélectionné par le CNOM parmi plusieurs autres, à la suite d’un appel d’offres. «Il s’agit de créer une tenue pour des olympiens qui représenteront non seulement leurs disciplines, mais aussi leur nation, dans un événement de grande importance mondiale», explique Ali Drissi, contacté par Yabiladi. De ce fait, le Maroc «a été au centre de la réflexion, dans ses symboles, ses régions et les couleurs qui le caractérisent».
«Je suis un designer qui a une grande sensibilité pour la couleur, c’est donc le choc de ces couleurs qui fait naître chez moi une inspiration.»
Ali Drissi
Un habit universel, des détails célébrant la diversité régionale
A partir de là, le styliste modéliste a opté pour «un beige chaud et sable, comme le sable du Sahara, symbole de notre unité territoriale». «Il y a bien sûr aussi le drapeau national, qui est très connecté au paysage du pays. On se retrouve alors avec un vert très profond, qui rappelle celui de l’Atlas, des régions fertiles du pays ou des oasis, que je trouve très beau et très chic à la fois», nous détaille encore Ali Drissi.
Afin d’apporter «une touche de lumière» à ce croquis, le modéliste a par ailleurs utilisé «un blanc rappelant les paysages de certaines de nos villes comme Casablanca, Rabat ou Tanger, avec une lumière prononcée et réfléchie sur leurs bâtiments urbains». Ensuite, le rouge a été inspiré «de la terre de Marrakech ou de la région de Chaouia». Pour Ali Drissi, il s’agit globalement de reproduire les coloris et les ambiances qui lui viennent à l’esprit quand il pense au Maroc, «dans toute la diversité du pays, ses spécificités régionales, avec bien sûr le doré, couleur de la monarchie, présente sur les boutons».
«Cela fait partie de l’identité de la maison que de veiller au détail près. C’est d’autant plus le cas lorsqu’on réalise une tenue que l’on est censé voir de loin. Il faut imaginer une tenue de parade sur une centaine de personnes, avançant ensemble. Les spectateurs et les téléspectateurs doivent pouvoir reconnaître sur eux les emblèmes de la nation.»
Ali Drissi
Dans le détail justement, l’intérieur de la veste qui habillera les athlètes marocains est orné d’inscriptions. Il s’agit des noms des précédents champions olympiques nationaux, hommagés ainsi à travers un vêtement porté par leurs éventuels successeurs, tel un dialogue intergénérationnel incarnant une relève assurée.
Une idée du mouvement, comme dans l’esprit des JO
C’est pour ces considérations et d’autres encore que le designer a également cherché à s’inscrire à la fois dans un style élégant, urbain, avec «un color block et une étoile agrandie, étirée, donnant une impression d’élévation». «Il y a du mouvement, ainsi que des points de lumière ou de couleurs qu’on est capable de distinguer, même de loin, qui font toute la différence. L’idée est de donner aussi ce côté où il y a des détails, qui paraissent petits mais avec un impact visuel important, comme ils sont répétés à travers les personnes qui les portent et qui avancent ensemble», nous dit Ali Drissi.
Le créateur souligne par ailleurs qu’il s’agit d’«une tenue marocaine à 100%», à commencer par la gabardine de laine légère et de la popeline de coton, issues de l’industrie textile marocaine, ou encore la sérigraphie dans les ateliers d’Ali Drissi à Aïn Sebaâ. «Les produits de maroquinerie sont locaux également, de même que les chaussures de sport».
Avec des lacets servant de rappel des couleurs rouge et verte, les chaussures sont le fruit d’une collaboration entre le designer et l’illustrateur-bédéiste Rebel Spirit. Résultat, les sneackers dessinées sont un modèle unique. «Tout a été créé, imaginé et fabriqué au Maroc», se félicite Ali Drissi.