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Abdelkader Perez, l’émissaire morisque de trois sultans alaouites


Au moment où les relations entre le Maroc et la France connaissaient une période de calme, au lendemain de l’échec de la négociation d’un traité entre les deux pays, Moulay Ismail, sultan alaouite à la tête d’une dynastie que connaissait l’une de ses années de gloire, veut à tout prix regagner la confiance de l’Angleterre de George Ier. En 1723, le sultan Moulay Ismail choisit Abdelkader Perez, un amiral de Salé, d’origine morisque, pour le représenter auprès du roi d’Angleterre.

Son voyage commence dès sa nomination. Mais l’ambassadeur de Moulay Ismail n’arrivera qu’au début de l’année 1724. Le 7 janvier 1724, il rencontre le roi George 1er, comme le rapporte «The Historical Register : Containing an Impartial Relation of All Transactions, Foreign and Domestick. For the Year 1716-1738» (Editions Sun Fire Office, Volume 9, 1724).

Une première mission d’émissaire de Moulay Ismail auprès de George Ier

Cet ouvrage, contenant les dates les plus importantes du règne des rois d’Angleterre indique que le «7 janvier 1724, Hag Abdelcader Perez, ambassadeur de l’empereur du Maroc, a eu sa première audience du roi». «Le 29 août 1724, Son Excellence Hag Abdelcader Perez, ambassadeur du Maroc, a eu une audience privée avec Sa Majesté, comme il a également eu le prince et la princesse de Galles», poursuit la même source annonçant la cérémonie de départ de l’ambassadeur. Une occasion pour ce dernier donc de rencontrer George II avant que ce dernier ne devienne monarque.
 
Peu d’informations existent sur les missions qui ont été confiées à cet ambassadeur, tout comme sur ses déplacements durant cette période. Mais une chose est sûre, Abdelkader Perez marquera les esprits des Anglais au point que le peintre Michael Dahl (1659-1743) lui dessinera un portrait. Un tableau, exposée dans la galerie londonnienne Ben Elwes Fin Art et qui contient des informations sur les deux missions diplomatiques effectuées par l’ambassadeur marocain d’origine morisque en Angleterre.

Le portrait d'Abdelkader Perez à la galerie Ben Elwes Fine Art. / DRLe portrait d’Abdelkader Perez à la galerie Ben Elwes Fine Art. / DR

On y indique notamment qu’Abdelkader Perez finira sa première mission diplomatique en 1724. Une date où il serait retourné au Maroc. Trois ans plus tard, Moulay Ismail «le grand empereur, sentant la mort arriver, donna l’ordre à son chef unique de le cacher quelque temps, par crainte des insurrections dans la ville», souligne l’ouvrage «L’Histoire des révolutions dans l’Empire du Maroc ; après la mort de Moulay Ismail», écrit par John Braithwaite. La même année, le roi George 1er décède, laissant derrière lui le trône britannique à son fils George II.

Au royaume chérifien, il aurait fallu plusieurs années à Moulay Abdellah pour régner en sultan unique sur l’ensemble du pays. Des difficultés dues à ses demi-frères notamment.

Sur le plan extérieur, ce qui inquiète les puissances mondiales et le royaume, c’est surtout l’épineuse question de piraterie, de la traite humaine et du pillage des bateaux. Une cause directe de la hausse du nombre des prisonniers dans les geôles des deux rives de la Méditerranée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Moulay Abdellah dépêchera, dès 1729, Abdelkader Perez pour le représenter auprès des Pays-Bas, comme le rapporte l’ouvrage «Esclaves chrétiens : les expériences d’esclavage de Cornelis Stout à Alger (1678-1680) et Maria ter Meetelen au Maroc (1731-1743)» (Editions Walburg Pers, 2006).

Illustration d'un navire néerlandais. / DRIllustration d’un navire néerlandais. / DR

Une mission diplomatique aux Pays-Bas avant le retour en Angleterre

Ce dernier rappelle notamment les grandes étapes des relations entre les deux pays, notamment sous Moulay Ismail, «qui dirigea son pays d’une main de fer entre 1672 et 1727», une période durant laquelle les relations entre le royaume chérifien et les Pays-Bas deviendront «plus tendues». «En 1683, (…) le roi avait décidé que tous les prisonniers, quatre-vingts Hollandais à Salé, devaient se rendre à Meknès, à une distance de 140 kilomètres» poursuit la même source. Celle-ci de préciser que «le traité de paix de 1684 (signé entre le royaume et les Pays-Bas, ndlr) n’aboutit pas à leur libération». Il fallait donc négocier un nouveau traité.

Portrait du sultan Moulay Abdellah Ben Ismail. / Ph. DRPortrait du sultan Moulay Abdellah Ben Ismail. / Ph. DR

Mais peu de temps après la mort de Moulay Ismail, les Néerlandais voyaient l’occasion se présenter devant eux avec l’arrivée d’un nouveau sultan et d’un nouvel émissaire, qui n’est autre qu’Abdelkader Perez.

«En 1729, les Pays-Bas reçoivent la nouvelle de l’arrivée au pouvoir du nouveau sultan Moulay Abdellah. Cela coïnciderait avec l’arrivée de l’amiral Abdelkader Perez serait pour parler de la paix. Ce Perez a fait son apparition en 1730 et dès novembre de la même année, il décrochait déjà un accord de paix.»

Et ce même accord n’a pas été chose facile puisque «les Pays ont d’abord refusé les termes de l’accord. Le sultan ayant exigé pour la libération des prisonniers hollandais, le paiement d’une rançon de milles florins», précise le livre néerlandais.

Perez retournera donc à son pays où la guerre fratricide que se sont livrés les fils de Moulay Ismail, l’arrivée au pouvoir des frères de Moulay Abdellah ayant détrôné ce dernier à quatre reprise, retardera la ratification de ce traité entre les deux pays.

En 1735, les Pays-Bas dépêcheront le capitaine Hendrick Lijnslaher au Maroc pour parler de la ratification du traité et de la libération des prisonniers. «Son navire de guerre était accompagné d’un marchand portant les cadeaux pour Moulay Abdallah à bord, des canons à poudre et à canon, trois miroirs et trois montres en or, dont l’une était décorée de diamants».

Quant à Perez, il retournera en 1937 en Angleterre pour une deuxième mission diplomatique, cette fois, pour représenter le sultan Moual Ali ben Ismail. Un ambassadeur pour trois sultans alaouites.





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