En Afrique du Sud, la petite protestation de mercredi devant le siège de l’ANC (African National Congress), à Johannesburg, réclamant une révision des relations avec le Maroc, fait tache d’huile. Désormais, ce sont des sections du parti du président Cyril Ramaphosa qui revendiquent le même objectif, rapporte la MAP.
«Nous appelons l’ANC à reconnaître le soutien pionnier du Maroc à la lutte contre l’apartheid, comme l’a reconnu le Président Nelson Mandela dans ses discours, ses livres, ses revues et à travers plusieurs visites au Maroc», soulignent les signataires de ce manifeste. En effet, la première livraison d’armes aux combattants de l’ANC était marocaine, en 1962. Ils rappellent que c’est grâce à cette aide, militaire et financière, que l’ANC a pu former sa branche armée. Le royaume, affirment les auteurs du mémorandum, a également apporté un soutien politique à leur formation, en autorisant Mandela à ouvrir un bureau au Maroc.
S’inscrivant en faux contre la ligne politique observée par Ramaphosa envers le Maroc, les signataires insistent sur la nécessité pour l’ANC et l’Afrique du Sud de renforcer leur engagement stratégique avec le Maroc afin de coordonner des politiques et des programmes bénéfiques pour les peuples africains, tout en contribuant à la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et des ambitions progressistes des deux nations.
Ramaphosa face à la pression d’une partie de sa base
Concernant la question du Sahara, ces sections de l’ANC notent que la majorité des pays africains soutiennent la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. En conséquence, elles exhortent l’Afrique du Sud à plaider pour une résolution pacifique de ce différend et à s’abstenir de soutenir les parties prônant des actions militaires.
Or, il y a quelques jours, le président Cyril Ramaphosa a réaffirmé, depuis Alger, son soutien au Polisario. «L’Afrique du Sud demeure préoccupée par l’occupation continue du Sahara occidental par le Maroc. Le peuple du Sahara occidental a le droit de déterminer son propre destin. Les Nations Unies et l’Union africaine doivent accélérer le processus de résolution de cette question, conformément aux dispositions de l’accord de cessez-le-feu de 1991, aux résolutions de l’ONU et à l’avis juridique des institutions internationales et continentales», a-t-il précisé.
Depuis le 1er juillet, un gouvernement d’union est au pouvoir en Afrique du Sud. L’ANC a gardé entre ses mains le ministère des Affaires étrangères. «Notre politique étrangère étant ancrée dans notre histoire de solidarité avec ceux qui luttent contre l’oppression et l’occupation, nous continuerons à soutenir le peuple du Sahara occidental dans sa quête d’autodétermination», a indiqué Ronald Lamola, le nouveau chef de la diplomatie, quelques jours après son installation.
Pour rappel, l’ANC avait sanctionné Obed Bapela, député et vice-président du Comité des relations internationales du parti, suite à sa réunion, le 7 octobre à Rabat, avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
Avec ce mémorandum signé par plusieurs sections de l’ANC, la balle est dans le camp du président Ramaphosa, qui devra composer avec les appels de sa base pour une normalisation des relations avec le Maroc. Ironie du sort, en 2017, c’était la base du parti qui avait empêché Jacob Zuma d’initier un rapprochement avec le royaume, suite à sa rencontre avec le roi Mohammed VI à Abidjan.