Des centaines de Marocains restent bloqués dans la bande de Gaza, en proie à l’une des crises humanitaires les plus sévères de son histoire. En effet, l’offensive israélienne en cours fait quotidiennement des dizaines de morts et des centaines de blessés.
Le ciblage des civils dans la bande s’intensifie, notamment après que les forces israéliennes se sont renforcées pour prendre d’assaut la ville densément peuplée de Gaza. Sur place, les habitants ne trouvent aucun refuge contre les bombardements et les attaques de l’occupation, exacerbant ainsi la catastrophe humanitaire dans la région.
Dans un entretien avec Yabiladi, le citoyen marocain Mohamed Mossadeq Benkhadra, qui détient également la citoyenneté palestinienne et réside dans le camp d’Al-Burj, a déclaré : «Il y a des centaines de familles marocaines dans la bande. Au début de la guerre, certains sont partis via le passage de Rafah, tandis que d’autres n’ont pas pu quitter la région.»
Benkhadra est le directeur intérimaire de l’Association des Marocains dans la bande de Gaza, établie quelques jours avant le début de la guerre pour soutenir et suivre les conditions des concitoyens sur place. Il a passé huit ans dans les prisons marocaines à partir de 1985, en raison de ses activités avec le Front de libération de la Palestine et de son implication dans le détournement du navire italien Achille Lauro. Il a ensuite passé six ans dans les geôles israéliennes, après son retour en Palestine.
Des appels à la coordination
Benkhadra a souligné qu’il existe un mécanisme officiel pour que les étrangers quittent Gaza via la Croix-Rouge. Ils sont d’abord conduits en Jordanie, avant de rejoindre leurs pays d’origine. Il a ajouté : «Chaque jour, beaucoup d’étrangers quittent la bande, en coordination avec leurs ambassades. Malheureusement, après plus d’un an, aucun Marocain n’a pu assurer ce processus avec la représentation du Maroc à Ramallah.»
«Beaucoup de Marocains et moi avons contacté leur ambassade à Ramallah pour coordonner leur départ via la Croix-Rouge, mais malheureusement, après plus d’un an, aucune coordination n’a été faite pour permettre à quiconque de partir. Nous exhortons les autorités concernées à donner des instructions à l’ambassade pour aider les Marocains bloqués à retourner au Maroc, surtout que l’ambassade affirme ne pas avoir d’instructions à cet égard de la part du ministère des Affaires étrangères.»
Mohamed Mossadeq Benkhadra
Le ressortissant a évoqué la «tragédie» en cours depuis la fermeture du passage de Rafah, en disant : «Au départ, lorsque les Marocains ont été autorisés à être évacués, les pères détenant la citoyenneté palestinienne ont été empêchés de partir, séparant ainsi les pères de leurs familles. Cette mesure, qui empêche les maris des femmes marocaines de partir, a provoqué une tragédie importante qui dure depuis plus d’un an. Cette mesure est unique au Maroc parmi tous les pays. Nous ne comprenons pas pourquoi elle a été prise.»
Selon Benkhadra, 300 à 400 Marocains vivent actuellement à Gaza dans des conditions difficiles, dans la famine et le blocus continu. Il attendent une intervention urgente, pour assurer leur retour au Maroc et garantir leurs droits fondamentaux, dans un contexte de crise humanitaire dévastatrice.