Cinq opposants au gouvernement marocain ont décidé de se constituer parties civiles devant la justice belge, estimant que des ingérences et des actes de corruption présumés au sein du Parlement européen ont empêché celui-ci de condamner fermement les atteintes aux droits humains attribuées au Maroc, a rapporté le journal belge Le Soir.
Parmi les plaignants figurent Ali Reda Ziane, fils de l’avocat et ancien ministre des Droits de l’homme Mohammed Ziane, condamné à trois ans de prison au Maroc; Omar Radi, journaliste d’investigation, condamné en 2021 à six ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, viol et attentat à la pudeur, puis gracié et libéré en juillet dernier; Fouad Abdelmoumni, économiste et militant des droits humains, poursuivi pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux l’usage du logiciel Pegasus par Rabat; Hicham Mansouri, journaliste ciblé par le même logiciel espion, condamné à dix mois de prison en 2015 et désormais exilé en France; et Soulaimane Raissoumi, journaliste critique du régime, également condamné en 2021 pour «viol avec violence et séquestration», avant d’être gracié trois ans plus tard.
Ils sont représentés par l’avocat parisien Mohamed Jaite et l’avocate bruxelloise Delphine Paci, qui déposeront leurs constitutions de parties civiles devant la chambre des mises en accusation à Bruxelles. Celle-ci est chargée de contrôler la légalité de l’enquête ouverte en 2022, dont la prochaine audience est prévue pour le 7 janvier.
Selon Delphine Paci, «les plaignants se sentent lésés par les actes d’ingérence menés par les inculpés et par les organismes complices, notamment l’ASBL Fight Impunity, qui ont contribué à légitimer la répression exercée à leur encontre pour avoir défendu les droits humains et critiqué le régime».