Quatre personnalités marocaines du monde des arts, de la littérature et de la création ont été décorées récemment par la France, en recevant l’insigne de chevalier de l’Ordre des arts et des lettres. La distinction a été remise à Amina Hachimi Alaoui, à Malika Slaoui, à Yasmine Chami et à Fihr Kettani par par la consule générale française à Casablanca, Pascale Trimbach, l’ors d’une cérémonie. Celle-ci a connu la présence de Gaëtan Pellan, directeur de l’Institut français de la ville.
Fondatrice en 2006 de la maison d’édition Yanbow Al Kitab, Amina Hachimi Alaoui a été récompensée pour sa contribution à la promotion du livre auprès des plus jeunes. Éditrice, autrice et libraire, elle a en effet travaillé à promouvoir la lecture «auprès des enfants issus de milieux modestes ou éloignés des circuits culturels». «Je n’ai jamais habité en France, ni étudié en France. Ma France, je l’ai parcourue par la lecture, découverte par ses auteurs, habitée par ses livres», a-t-elle dit.
Éditrice pour les Éditions Malika, Malika Slaoui a quant à elle été décorée pour ses efforts à créer des espaces de rencontre et d’écoute, notamment à travers ses coéditions avec Actes Sud. Dans son allocution, elle a dédié cette distinction à sa famille, tout en remerciant ses proches, son équipe, ses collaborateurs, ainsi que les artistes d’Afrique de l’Ouest et ses auteurs. Elle a également rappelé que l’art était un engagement en faveur de la préservation de la mémoire, des héritages et du dialogue.
La distinction de l’autrice franco-marocaine Yasmine Chami récompense, pour sa part, une œuvre prolixe à travers laquelle l’anthropologue de formation explore le roman comme un moyen de remodeler la langue et de déployer l’imaginaire, dans une construction intellectuelle chargée en émotions, questionnant la complexité du réel par le biais de la fiction.
Dans son premier roman «Cérémonie» (éd. Actes Sud, 1999), Yasmine Chami évoque le destin de trois femmes. Dans «Mourir est un enchantement» (2017), elle raconte la maturité lente d’une femme de quarante ans, atteinte d’un cancer de l’utérus. Attentive aux combats personnels aussi bien qu’aux mouvements sociaux au Maroc, l’autrice a aussi produit des émissions télévisées. Enseignante, elle signe «Casablanca circus» en 2023, un opus où elle met les réalités politiques et sociales au service d’un récit ancré dans les vécus de sa ville natale.
Directeur fondateur du Studio des arts vivants, Fihr Kettani est quant à lui distingué pour sa contribution à tisser le lien entre musique, théâtre et autres expressions culturelles, à travers «une école centrée sur les arts, une galerie, un théâtre». Son initiative permet de relier enseignement artistique et scène de spectacles. En février dernier, il a été élu à la tête de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC) avec Younes Boumehdi, président de la Fondation Hiba.